Réalisateur, scénariste
Son inspiration, il l’a trouvée en arpentant le pavé et les salles de la 42e Rue. Dans les années 1970 et 1980, l’enclave new-yorkaise diffuse 24 heures sur 24 des films, la plupart d’exploitation. Le meilleur y côtoie le pire mais, sur l’écran, il est souvent question de sexe, de drogue, de nudité et d’horreur. Quelque part, les quatre points cardinaux qui constituent les fondements d’une œuvre farouchement indépendante et radicalement incorrecte. Bien plus que de simples comédies horrifiques, les films de Frank Henenlotter ont énormément de choses à dire. Lui vous dira certainement le contraire. De Basket Case (1982) à Frankenhooker (1990), d’Elmer le remue-méninges (1987) à Sex Addict (2008), le cinéaste s’emploie à mettre en lumière cette Amérique que l’on ne voit jamais, ce quart-monde insensé peuplé de paumés, de freaks et de laissés-pour-compte. En tant que directeur de collection pour le label Something Weird, il exhume les perles noires d’un cinéma proscrit. En tant que cinéaste, il orchestre une légendaire explosion de prostituées dans une chambre d’hôtel, se prend d’affection pour la femme aux sept clitoris et met face à face un jeune drogué et sa seringue, en fait un étron phallique pourvu d’une double rangée de dents acérées. En marge du système, droit dans ses bottes, Frank Henenlotter fait du cinéma debout. Et pour nous, ça veut dire beaucoup.
Rencontre avec Franck Henenlotter Mardi 1er novembre à 18h30
Dessinateur
Certainement l’un des plus célèbres auteurs de bandes dessinées underground américain. Il publie ses premiers récits, qui montrent le massacre de ses professeurs, dès l’âge de 19 ans et les vend sous le manteau dans son lycée. Puis à la fin des années 1980, il lance ses fanzines HUVYIM et AngelFuck. Le réseau underground relaie et les tirages augmentent rapidement. Parce qu’il est profondément marqué par son éducation catholique, ses sujets de prédilection sont la religion, la violence, le sexe et les mutations monstrueuses. Son style au trait gras et chargé se reconnaît entre mille. Ses planches sont excessives, agressives, souvent drôles et croquent le portrait d’une Amérique conservatrice. En 1991, un de ses comics, Angel Boiled, est retrouvé au domicile d’un suspect dans une affaire de meurtre. La machine judiciaire s’emballe. En 1994, Mike Diana est reconnu coupable de détention de matériel obscène (ses propres bandes dessinées) et est condamné à trois ans de prison avec sursis, 3 000 dollars d’amende et 1 248 heures de travaux d’intérêt général. Sans compter, bien sûr, l’évaluation psychiatrique et l’interdiction de pratiquer son art. Il est désormais le premier artiste à avoir été condamné pour obscénité aux États-Unis. Aujourd’hui, Mike Diana continue sa carrière d’illustrateur avec le désir de produire un comic book sur son procès.
En présence de Mike Diana : 2 expositions, 1 rencontre-discussion et 1 rencontre-signature hors les murs de la Cinémathèque de Toulouse
Plus d’infos sur www.indelebile.org
Acteur, producteur, scénariste
Il vit et opère à New York où il débute son parcours comme assistant tour manager pour des groupes comme Muse, Against Me! ou encore 311. En 2008, taraudé par la comédie et le désir de cinéma, il auditionne pour le premier rôle de Sex Addict que doit diriger Frank Henenlotter. Pour se glisser dans la peau du toxicomane Batz, le jeune acteur perd 15 kilos en moins de 30 jours. Impressionné par sa détermination, le légendaire réalisateur lui accorde sa confiance. En 2015, le tandem se reforme pour l’impertinent Chasing Banksy qu’Anthony Sneed écrit et interprète sous la caméra de Frank Henenlotter. Parallèlement à sa carrière cinéma, il arpente les théâtres new-yorkais et apparaît dans plusieurs pièces. En 2015, il se retrouve seul sur les planches pour Accidental Rebel qui narre l’histoire d’un adolescent rejoignant une communauté religieuse. Un an plus tard, il rassemble ses souvenirs de jeunesse pour le one man show The Buffalo dans lequel il joue un Anthony Sneed âgé de 14 ans !
Créateur d’effets spéciaux, producteur, réalisateur
Très tôt dans sa carrière, il va laisser son empreinte dans le film d’horreur. Notamment en collaborant activement avec Frank Henenlotter sur Elmer le remue-méninges, Frankenhooker, Frère de sang 2 et 3. En 2008, il participe au montage financier de Sex Addict du même metteur en scène tout en s’occupant des étonnants effets spéciaux du film. En 30 ans de carrière, il élabore prothèses, sculptures et effets sur des dizaines de productions fantastiques et horrifiques parmi lesquelles on peut citer Massacre à la tronçonneuse 2, From Beyond, Dolls, Leprechaun ou encore La Crypte. Histoire d’élargir son horizon, Bartalos a longtemps collaboré avec Matthew Barney, figure incontournable de l’art contemporain, en créant divers éléments pour les installations de l’artiste. Depuis plus de vingt ans, il dirige la compagnie Atlantic West Effects spécialisée dans l’animatronique et les prothèses d’effets spéciaux. Il est aussi le réalisateur de deux films, Écorché vif (2004) et Saint-Bernard (2013) salués pour leur énergie surréaliste.
Éditeur
L’homme de l’ombre. Car il en faut. En 2014, il édite Death Is Not the End, un recueil des meilleures illustrations d’Alexander Heir dont les sulfureux dessins illustrent les pochettes de disque du milieu punk underground new-yorkais. Puis en 2015 avec Pulp Macabre, il met en lumière les dessins lugubres de Lee Brown Coye qui marquèrent à jamais les fans de Howard P. Lovecraft et du magazine Weird Tales. Chercheur infatigable, chantre de la culture souterraine, tenancier d’une boutique de disques à New York, Mike Hunchback fut le guitariste des bruyants Night Birds mais n’a pas lâché son instrument afin de soutenir les infatigables Screeching Weasel.
Réalisateur
Son cinéma est incisif, percutant et efficient. Quant à lui, il frappe souvent où on ne l’attend pas. Sur grand ou petit écran. Après le très remarqué Il est difficile de tuer, même un lundi (2001), court métrage où il ridiculise le phénomène serial killer, il enchaîne avec Maléfique (2002), un premier long métrage qui mêle univers carcéral et fantastique débridé. Il tente ensuite l’aventure hollywoodienne avec One Missed Call (2008), remake de La Mort en ligne du Japonais Takashi Miike. Puis, il part tourner au Canada le suspense mécanique Hybrid (2009). Voiture possédée, cascade et intrigue délirante. Il rejoint l’Hexagone en 2009 et adapte le roman Nos fantastiques années fric de Dominique Manotti. Le résultat, Une affaire d’état, est un thriller politique comme on aimerait en voir plus souvent. Trafic d’armes, assassinats, scandale politique et courses-poursuites. Deux ans plus tard, La Proie confirme la mise sous tension et s’offre comme un thriller haletant aux accents sombres et désespérés. En toute décontraction, il emmène la série Braquo saison 2 (2011) à la lisière de l’anticipation. En attendant Dans l’ombre du tueur, son remake de la série britannique The Fall, qu’il prépare actuellement, la sortie imminente de son dernier film, Le Serpent aux mille coupures adapté du roman de DOA, devrait sceller l’union entre western et film noir.
Réalisatrice
Elle ausculte, prospecte, fouille, observe et crée des films portraits qui ne ressemblent à aucun autre. Réalisateurs, musiciens et auteurs d’avant-garde, tels que Mike et George Kuchar, Guy Maddin, Richard Foreman, Tony Conrad ou encore Genesis P-Orridge se sont prêtés au jeu. Fantaisistes, poétiques, oniriques, non-conventionnels, ses films explorent la vie de ces artistes. Ce qui, d’ailleurs, n’empêche pas Marie Losier de travailler en parallèle sur la personnalité d’Alan Vega, chanteur du mythique Suicide aussi bien que sur trois sœurs catcheuses au Mexique. Son premier long métrage, The Ballad of Genesis and Lady Jaye, fut un portrait singulier du musicien et artiste Genesis P-Orridge et de sa compagne Lady Jaye. Ce dernier dira d’ailleurs d’elle : « Elle peut vous faire porter les costumes les plus ridicules et vous faire faire ces choses bizarres qui, au moment où vous les faites, vous font vous demander ce que cela à voir avec votre vie. Mais quand tout est assemblé, c’est comme si Fellini rencontrait le documentaire. C’est une façon très nouvelle et très radicale de faire du documentaire, je pense que la manière dont Marie fait cela sera un modèle dans l’avenir ».
Écrivain, musicienne
Elle est docteure en civilisation nord-américaine. Sa thèse portait sur les relations entre culture mainstream et sous-cultures underground, à travers l’étude du cas de la sous-culture punk féministe nord-américaine. Le sujet restait peu documenté chez nous mais Manon Labry vient d’y remédier avec brio avec Riot Grrrls, chronique d’une révolution punk féministe (paru aux Éditions La Découverte/Zones). Il s’agit donc d’un livre, un bon, un de ceux qu’on lâche difficilement, qui retrace l’histoire de cette révolution politique et culturelle. 144 pages bien balancées à l’intérieur desquelles s’entremêlent paroles de chansons, témoignages, réflexions personnelles, extraits de fanzines et illustrations. Et quand elle n’écrit pas, la docteure officie au chant et à la guitare au sein du pop-grunge No Milk Today. Un tandem, complété par Morgane Pirate à la batterie, furieusement influencé par une certaine génération punk féministe. La boucle est bouclée.