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Cinespaña – Mélo anar

Du lundi 03 octobre 2016
au dimanche 09 octobre 2016


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Mélo anar

des mélodrames produits par la CNT entre 1936 et 1937

Quand on aborde la production cinématographique anarchiste durant la guerre d’Espagne, on s’arrête généralement aux actualités du front, aux films-tracts et aux documentaires pédagogiques. Mais le S.I.E. (Sindicato de la Industria del Espectaculo), syndicat du cinéma issu de la CNT aux lendemains de la Révolution sociale espagnole qui suivit le soulèvement nationaliste du 17 juillet 1936, après avoir réorganisé collectivement l’industrie cinématographique, a également produit de pures fictions. Des films que l’on connaît moins et qui ne manquent pas d’étonner quand on sait qu’ils tiennent du mélodrame, un genre que l’on n’associe pas vraiment au militantisme. Et pourtant il s’agit bien de films militants, totalement imprégnés de valeurs anarcho-syndicalistes, des valeurs avant tout pédagogiques, mais développées sur des trames mélodramatiques.
De cette production, résultat d’une expérience cinématographique collectiviste et libertaire inédite, il ne reste que peu de films. Nous vous proposons d’en découvrir trois aux teintes différentes.
Carne de fieras, le moins militant, est un véritable ovni. Débutée à Madrid juste avant le soulèvement franquiste, avant d’être reprise par la CNT, il s’agit au départ d’une production privée qui vise à populariser une artiste de cabaret d’origine française : Marlène Grey. Le film est bâti sur son numéro : un striptease dans une cage aux lions. Érotisme sensationnel et trahisons amoureuses. Un film qui ne sortira jamais, rattrapé par la guerre, et qui restera dans ses boîtes pendant près de cinquante ans.
Barrios bajos est le plus représentatif des valeurs à promouvoir. La solidarité, la dénonciation de la prostitution et des addictions, drogues ou alcool. Autour d’un bar sur le port de Barcelone où croisent ouvriers, paumés, bourgeois, maquereaux, c’est le film le plus pédagogique. C’est aussi le plus mélo. Même si, stylistiquement, il emprunte au policier social américain du début des années 1930 et au réalisme poétique français.
Aurora de esperanza est le plus étonnant. Le plus propagandiste. L’histoire d’un ouvrier sans travail qui ne peut plus subvenir aux besoins de sa famille et prend conscience de l’injustice sociale jusqu’à l’insurrection. Le plus propagandiste, parce qu’il appelle clairement à la révolution sociale. Le plus étonnant, parce que s’il annonce par certains moments le néoréalisme italien qui n’arrivera que dix ans plus tard (difficile de ne pas penser au Voleur de bicyclette), il emprunte aussi toute une série de contre-plongées qui ne sont pas sans rappeler le cinéma soviétique, ce qui dénote quelque peu avec un propos anarchiste.
Bref, trois petites perles noires et rouges…

Franck Lubet, responsable de la programmation à la Cinémathèque de Toulouse