Kirk Douglas a 100 ans
Né le 9 décembre 1916 à Amsterdam, État de New York, Kirk Douglas fêtera cette année son centenaire. L’occasion de revenir en dix films sur la carrière d’un des acteurs les plus populaires du cinéma. Dix films comme autant de bougies anniversaire. Des bougies qui ne s’éteignent pas quand on les souffle. De l’aventure (Les Vikings_), du western (_La Captive aux yeux clairs, El Perdido, La Rivière de nos amours_), du polar (Histoire de détective_), de la comédie dramatique (Les Ensorcelés, Chaînes conjugales_) et du drame (_La Femme aux chimères, La Vie passionnée de Vincent van Gogh, Seuls sont les indomptés). Dix films de genres différents comme un feu d’artifice pour éclabousser de pépites cette fin d’année. Dix films comme un bouquet de cinéma offrant les différentes facettes d’une des dernières légendes vivantes des studios de la grande époque.
Des faubourgs pauvres d’Amsterdam au firmament de Hollywood, ce fils de chiffonnier (cf. le premier tome de ses passionnantes mémoires) aura parcouru du chemin. Et son parcours est jalon. Celui de l’indépendance d’esprit. Kirk Douglas a non seulement apposé sur les écrans sa fossette au menton et son sourire aussi narquois que conquérant, mais il les a imposés à l’industrie hollywoodienne. Parce qu’homme de caractère et d’intuitions, dès qu’il a mis les pieds à Hollywood après avoir foulé les planches new-yorkaises, il a tout simplement tracé sa propre voie, n’hésitant pas à emprunter les chemins de traverse. C’est ainsi qu’après Chaînes conjugales_, alors qu’il n’a joué que de petits rôles, il refuse une production MGM (The Great Sinner_) dirigée par Siodmak, avec Ava Gardner et Gregory Peck, pour tourner dans un petit film indépendant (Le Champion de Mark Robson) produit par un inconnu : Stanley Kramer, futur producteur du Train sifflera trois fois ou de L’Équipée sauvage. Kirk chausse les gants pour jouer un boxeur et quand le gong retentit au box-office, il est nominé aux Oscars. Cela ne l’empêche pas, moins de quatre ans après ce coup de poker et huit films, dont une nouvelle nomination pour Les Ensorcelés_, qui le hissent en haut de l’affiche, de quitter Hollywood pour Cinecittà (_Ulysse) sur un coup de cœur qui sonne comme un coup de tête. Kirk a le sang chaud et n’aime pas se ligoter à des contrats de studios. Il sera un des premiers acteurs à créer sa propre maison de production : la Bryna, du prénom de sa mère. Avec, il se donnera de beaux rôles. Avec, il donnera leur chance à de jeunes talents (Kubrick pour Les Sentiers de la gloire). Avec, il affichera au générique de Spartacus Dalton Trumbo, scénariste blacklisté par la chasse aux sorcières. Ce besoin d’indépendance ainsi que son attrait pour les rôles progressistes auront accompagné la fin (des 50’s aux 70’s) des majors toutes puissantes, du « tous sous contrat » au nouvel Hollywood. Une indépendance qui flirte avec l’arrogance. Mais tel est l’homme libre du rêve américain. Esclave affranchi qui a fait trembler Hollywood comme Spartacus Rome. Ulysse attaché au mât du succès sans succomber aux sirènes de la gloire. Seuls sont les indomptés. Indomptable est Kirk Douglas.
Franck Lubet, responsable de la programmation
Ne manquez pas également l’exposition consacrée à Kirk Douglas présentée du 22 novembre au 18 décembre dans le hall de la Cinémathèque.