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Malavida. Le cinéma Quinqui

Du samedi 30 septembre 2017
au dimanche 08 octobre 2017


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Il y a ce plan dans les premières minutes de Los golfos, Les Voyous en français, le premier film de Carlos Saura sorti en 1960. Un film aux accents néoréalistes avec cette once de tragédie que l’on trouvera un an plus tard chez Pasolini et son Accattone. Il y a ce plan. Un lent panoramique qui balaye de la droite vers la gauche les faubourgs pauvres de Madrid. Vingt ans plus tard, en 1980, on trouvera un plan similaire dans les premières minutes du Navajeros d’Eloy de la Iglesia, un panoramique de la gauche vers la droite ce coup-ci, balayant un terrain vague à la sortie de la ville. Deux panoramiques qui embrassent, qui s’embrassent. Entre ces deux plans, Franco est mort et l’Espagne a entamé une difficile transition démocratique. Entre ces deux plans, la délinquance juvénile a perdu la seule faim de survivre et gagné l’appétit de vivre. Vite, si possible. Vite vivre. Et vivre vite. Comme un afflux sanguin dans un membre qui en a longtemps été privé. Comme l’afflux sanguin d’un membre sectionné cherchant son garrot, passant de la menace du garrot franquiste au trompeur refuge de celui de l’héroïne. Une énergie ne supportant plus les entraves si ce n’est celle de l’autodestruction.
Cette énergie, c’est celle que l’on retrouvera dans le cinéma quinqui. Un genre cinématographique typiquement espagnol qui allie un réalisme social brut, prenant racine dans le néoréalisme, aux outrances du cinéma d’exploitation pour teenagers tel que l’a développé le cinéma américain des années 1970. Un genre extrêmement populaire qui aura vécu aussi vite et intensément que les héros qu’il a mis en scène, de la fin des années 1970 au milieu des années 1980. Un genre qui a pour sujet la délinquance et surtout les jeunes gens des banlieues, souvent de vrais délinquants jouant leur propre rôle, qui en vivent et existent à travers elle. Une manière de dénoncer  la violence sociale  mais aussi de magnifier ces jeunes caïds aux traits encore juvéniles, rebelles brûlant trop vite leurs ailes d’angelots déchus. On y trouvera la violence des rixes entre bandes et des braquages. On y plongera dans la drogue, ses trafics et ses dépendances. On y vivra une sexualité crue, hétéro et homo, souvent prostituée. Et on y trouvera la sècheresse de la mort, parfois choquante. Mais on sera surtout transporté par les fulgurances d’un cinéma de l’urgence et qu’il est urgent de redécouvrir. Un cinéma de mort et de désir. En un mot, de la tragédie.

Franck Lubet, responsable de la programmation

Loïc Diaz-Ronda, codirecteur et programmateur du festival Cinespaña

Coproduction La Cinémathèque de Toulouse / Cinespaña dans le cadre de la 22e édition du festival Cinespaña

Retrouvez le détail du cycle sur www.cinespagnol.com