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Louis Delluc – Défense et illustration du cinéma

Du jeudi 12 octobre 2017
au mardi 05 juin 2018


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Depuis 1937, Louis Delluc est devenu la plus importante récompense du cinéma français. Mais Louis Delluc est bien plus qu’un prix. On lui doit la cinéphilie – à commencer par le terme de « cinéaste », qu’il invente et impose contre « écraniste » que prônait Ricciotto Canudo (l’autre grand défenseur du cinéma d’alors, militant pour un 7e art). « Cinéaste », pour dire que le cinéma possède ses auteurs, qu’il n’a rien à envier aux autres arts et qu’il se suffit à lui-même en tant que tel. Cinéaste, ce qu’il fut.
À une époque où le cinéma était encore méprisé, Louis Delluc lui a donné ses lettres de noblesse. D’abord par la plume, créant une véritable ligne critique, puis derrière la caméra, impulsant la première avant-garde française, l’impressionnisme, aux côtés de Gance, Dulac, Epstein, L’Herbier et Clair. Le tout sur une période très courte, de 1917 à sa mort prématurée en 1924.
Louis Delluc, c’est l’ancêtre des Carné et Truffaut, passant de la ferveur critique à la pratique du cinéma. Plus la fulgurance d’un Jean Vigo.
Il faut relire ses critiques (consultables à la bibliothèque de la Cinémathèque de Toulouse). Passionnées. Engagées et enragées. Concises et incisives. Aussi jouissives à lire que Les Nouvelles en trois lignes de Félix Fénéon, elles (im)posent en même temps les jalons d’un art qui se définit par ses propres règles. Il en révèle le langage quand on le voulait encore balbutiant. Griffith, Ince, DeMille, Sennett, Chaplin et les Scandinaves sont son matériau et sa source. Sa formation aussi.
Il faut revoir ses films d’une prophétique modernité. Par la sobriété du jeu et l’utilisation des décors naturels. Dans sa manière de saisir l’invisible, les sentiments, à travers la composition de ses plans. Louis Delluc croit en l’image et travaille ses cadres pour en faire le principal vecteur d’expression. Sous sa plume, le cinéma est sorti de sa chrysalide. Sous sa caméra, il a pris un nouvel envol.
Maudits comme on dit des poètes, ses films ont subi l’emprise du temps. En reste cinq des sept qu’il a réalisés. Restaurés, nous pourrons les redécouvrir en regard de quatre films américains majeurs sur lesquels il a écrit. Un retour nécessaire sur un pionnier toujours à l’avant-garde, un visionnaire qui a encore à nous donner à voir. Un temps de formation du regard.

Franck Lubet, responsable de la programmation

Conférence « Louis Delluc, cinéaste cinéphile » par Christophe Gauthier, professeur d’histoire du livre et des médias contemporains (XIXe-XXIe siècles) à l’École nationale des chartes, le 9 janvier 2018 à 19h.