1+1 – 2020
1+1, c’est quoi ce truc ? Une programmation sur les mathématiques au cinéma ? Pas loin. C’est, appliqué à la programmation, le principe de base du montage, tel que Koulechov l’a défini avec son fameux effet : qu’un plan + un plan égale une idée. L’idée que deux plans totalement autonomes créent du sens quand ils sont associés. Et que ce sens peut changer en fonction de la nature du second plan qui sera associé au premier (cf. l’effet Koulechov, visible sur YouTube). C’est appliquer de manière quelque peu expérimentale à
deux films (à voir l’un à la suite de l’autre) ce qui est de l’ordre de l’articulation entre les plus petites particules d’un film, les plans. Ainsi, un film plus un film, mis en regard, en prolongement ou en miroir, peuvent-ils faire somme, ouvrir de nouveaux sens indépendants du sens premier de chacun pris isolément ? Il s’agira donc, bien au-delà des double features qui jouent la seule carte d’un rapprochement thématique, de mettre en collision des films pour voir s’ils peuvent faire collusion. Nous appellerons cela de la programmation quantique. Car tout est relatif, n’est-ce pas ? Mais surtout en référence au chat de Schrödinger. Parce que la Cinémathèque aime bien les chats et que celui de Schrödinger nous dit qu’un objet/sujet peut être simultanément dans deux états différents à la fois. Dans un état superposé. Intéressant… De manière ludique et quelque peu provocatrice, nous appliquerons cette équation – celle du chat de Schrödinger – à des films mis en relation de façon arbitraire pour observer ce qui est l’atome d’un film : le plan. Et en mesurer sa valeur, morale, esthétique, grammaticale et, on l’espère, quantique. Au programme donc, le plan en cinq parties :
FRANCK LUBET, RESPONSABLE DE LA PROGRAMMATION