Darrieux par Vecchiali
Il est l’un des derniers grands cinéastes français. Le plus rebelle, un franc-tireur comme on n’en fait plus, qui fait du cinéma comme on prend le maquis. Jamais où on l’attend. Jamais politiquement correct, pouvant passer d’une ode déjantée aux actrices (Femmes, femmes) à un porno (Change pas de main) pour enchaîner sur un film couperet sur la question de la peine de mort (La Machine). Sans parler de sa manière d’aborder l’homosexualité et le SIDA comme un chant d’amour à mort en plein dans les années SIDA (Encore / Once More) ou encore de la manière dont il règle joyeusement ses comptes avec la Commission de l’avance sur recettes (À vot’ bon cœur), qui lui est refusée depuis maintenant trop longtemps.
Paul Vecchiali est un cinéaste précieux. Parce que son cinéma est hors normes, libre et indépendant. Précieux aussi parce qu’il est devenu trop rare sur les écrans, alors qu’il tourne toujours énormément. Il profitera d’ailleurs de sa venue à Toulouse pour présenter au Cratère son avant-dernier film : Les Sept Déserteurs. Un film qui n’a pas encore de distributeur et dont il ne faudra pas manquer la projection.
Producteur, on lui doit aussi la création de Diagonale, cette boîte de production qui a été une véritable école de cinéma et qui a permis d’exister aux films de Marie-Claude Treilhou, Jean-Claude Biette, Jean-Claude Guiguet…
Mais Paul Vecchiali, c’est aussi la cinéphilie. Une cinéphilie érudite, tranchée (tranchante) et passionnée (passionnante) comme l’est son cinéma – il n’y a qu’à se replonger dans son indispensable Encinéclopédie sur les cinéastes français des années 1930 et leur œuvre pour en juger.
Et c’est aussi une profonde passion pour Danielle Darrieux, « la femme de sa vie », une idole et une muse, qui lui a donné le goût du cinéma et l’envie d’en faire, qu’il a dirigé notamment dans En haut des marches et dont il parle comme nul autre, si ce n’était Max Ophüls.
C’est donc tout naturellement que la Cinémathèque de Toulouse accueille Paul Vecchiali, ami de longue date, pour accompagner cet hommage à Danielle Darrieux les jeudi 30 novembre et vendredi 1er décembre.
Il présentera également son avant-dernier film en avant-première, Les Sept Déserteurs, au cinéma Le Cratère, mercredi 29 novembre à 20h30.