The Serpent and the Rainbow | Cinéma ABC
Wes Craven. 1987. États-Unis. 98 min. Couleurs. Numérique DCP. VOSTF.
Faire accepter l’inacceptable, rendre l’incroyable vraisemblable. La mission est ardue et délicate d’autant plus quand il s’agit d’un film d’horreur, genre propice à toutes les dérives extravagantes. En adaptant le livre-enquête The Serpent and the Rainbow de l’ethnobotaniste Wade Davis, Wes Craven ancrait son film (initilament intitulé L’Empire des ténèbres sous nos latitudes) dans le difficile contexte socio-politique et culturel de l’île d’Haïti. Vaudou, dictature et processus de zombification. Mandaté par une entreprise pharmaceutique, l’anthropologue Dennis Allan se rend en Haïti en quête d’une substance utilisé par les sorciers vaudous pour « réveiller » les morts. Voilà pour le point de départ. La suite est une sensationnelle exploration d’une culture complexe. Mieux, puisque Craven observe les conséquences dévastatrices du détournement d’une religion. Le gouvernement Duvalier emprisonne les corps mais aussi les âmes. Horreur et politique s’entremêlent. Jamais le totalitarisme n’a été aussi diabolique et menaçant en la personne du capitaine Peytraud et de ses tontons macoutes. Le zombie n’est plus cette menace pour la civilisation mais juste un pauvre type qui a vécu l’horreur de son propre enterrement. Privé de son libre arbitre, une expérience particulièrement douloureuse, il erre dans un cimetière à l’écart des vivants. La parabole est édifiante. Craven transforme avec brio son essai entre les poteaux. Onirique, oppressant, dense et documentée, un film d’horreur parti à l’aventure dans les contrées de la subversion.
Séance présentée par des étudiants de classes préparatoires littéraires option cinéma du lycée Saint-Sernin