Les Dulcinées d’un vieil apache (Milenky starého kriminálníka) | Histoire(s) de restaurations – Národní filmový archiv
Svatopluk Innemann. 1927. Tchécoslovaquie. 108 min. Noir & blanc / teinté. 35 mm. Muet. Intertitres tchèques. Sous-titrage informatique en français.
À vrai dire, les idées reçues visitent peut-être trop souvent les généralités dans la prison des certitudes. S’il est vrai qu’une très grande partie de la période du film muet tchécoslovaque a été inspirée d’œuvres littéraires classiques, on aurait tort de réduire une production vivace à ce simple dénominateur commun. Agencé autour d’un rustique fil rouge – un oncle et son neveu échangent leur identité afin d’éviter un mariage embarrassant – Les Dulcinées d’un vieil apache dérape dès les premières minutes. « Le monde est un asile », clame un des premiers intertitres. La suite ne sera que poursuites, quiproquos, chassés-croisés et imbroglios. Direction le périphérique de l’incorrection. Le très moustachu Vlasta Burian, roi de la comédie tchèque, sidère quand il écrase, empoisonne, électrocute ou bien jette d’une falaise des épouses encombrantes. Mais ce n’est rien comparé à la tornade Anny Ondra. Courtement vêtu, ce véritable danger pour la civilisation fume le cigare, boit, boxe, conduit à tombeau ouvert, enfonce des barrières et impose des massages énergiques à des serviteurs qui n’en demandaient pas tant. D’ailleurs, Sir Alfred ne s’y trompera pas en faisant d’elle sa première blonde hitchcockienne. Si l’on ajoute à cela quelques effets spéciaux optiques ou grattés directement sur la pellicule, on tient là un petit traité d’inconvenance, de drôlerie et d’invention qui n’a d’ancien que sa date de réalisation. Une bouffée d’air frais reconstruit petit à petit grâce au scénario original et qui suivit un processus de restauration argentique « à l’ancienne » d’après des éléments nitrate d’époque.
Séance accompagnée par Quentin Ferradou (batterie),
Raphaël Howson (piano), Adrien Rodriguez (contrebasse)