Un singe en hiver | Zoom sur la Cinetek
Henri Verneuil. 1962. France. 103 min. Noir & blanc. Numérique DCP.
« Embrasse-moi, mec ! Tiens t’es mes vingt ans ! » Une scène d’anthologie à l’incroyable portée symbolique. Sur cette réplique, Jean Gabin, le vieux lion du cinéma français, serrait dans ses bras Jean-Paul Belmondo, le jeune loup de la Nouvelle Vague. Deux monstres sacrés qui forment ici un duo grandiose. Ils vacillent, chancellent, titubent ensemble et récitent à l’unisson leur Petit Audiard à la perfection. Forcément, avec ce Michel-là au scénario et aux dialogues, ça jacte dru et sévère. De préférence autour d’un picon bière. Mais ça jabote et disserte brillamment de ce qu’on a fait durant sa jeunesse et de ce que l’on ne fera plus. Pour retrouver la Chine ou se rendre à Madrid dans une arène, pas besoin d’une première classe sur Air Confort. L’hôtelier Quentin, ancien fusiller marin, et le jeunot Fouquet, publicitaire au mariage malheureux, se prennent immédiatement d’amitié et voyagent liquide à grands coups de godet. Direction les îles Vazy-Vazy pour une gigantesque beuverie. L’un boit pour se souvenir, l’autre pour oublier. L’excursion s’avère amère, nostalgique et mélancolique, même si l’on s’esclaffe de bon cœur. Les meilleures années sont souvent derrière nous. Alors pourquoi ne pas en faire un gigantesque feu d’artifice ?
« _Un film avec deux monstres du cinéma français. Gabin et Belmondo. Deux acteurs, deux générations, un peu d’alcool et ça suffit pour faire un film qui traverse les époques._ » Cédric Klapisch
Séance présentée par Cédric Klapisch