Adèle n’a pas encore dîné (Adéla ješte nevecerela) | Histoire(s) de restaurations – Národní filmový archiv
Oldrich Lipský. 1977. Tchécoslovaquie. 105 min. Couleurs. Numérique DCP. Version sous-titrée anglais. Sous-titrage informatique en français.
Il a parodié le film de science-fiction avec L’Homme du premier siècle (1961), le western avec Joe Limonade (1964), le cinéma gothique avec Le Château des Carpates (1981), toujours avec succès. Car Oldřich Lipský a compris que pour bien pasticher, il fallait d’abord aimer. Avec Adèle n’a pas encore dîné, le réalisateur tchèque livre une délirante comédie policière qui rend un hommage sincère à la littérature de gare et au cinéma des années 1910-1920, qu’il soit burlesque ou feuilletonesque. En visite à Prague, le fameux détective Nick Carter se retrouve mêlé à une mystérieuse affaire de disparition de chien. Pire, il semblerait que son ennemi juré, Le Jardinier, ait développé une plante carnivore géante joliment prénommée Adèle. En déracinant l’univers du célèbre détective américain en Tchécoslovaquie, Lipský s’autorise tous les délires. De la magnificence des décors et des costumes à la truculence des personnages, en passant bien sûr par la plante carnivore animée image par image par le génial Jan Švankmajer, Adèle n’a pas encore dîné s’érige comme un divertissement aussi enthousiasmant que foisonnant, aussi surréaliste que poétique. Et si Oldřich Lipský égratigne au passage le modèle américain, ce ne sera que pour mieux railler les us et coutumes de son propre pays. Bref, une rencontre cinématographique rare que n’aurait pas désavouée Terry Gilliam, restaurée digitalement d’après le négatif original conservé à la Národní Filmový Archiv de Prague.
Séance présentée par Michal Bregant, directeur de la Národní Filmový Archiv