Rapsodia satanica | Histoire(s) de restaurations – Cineteca di Bologna
Nino Oxilia. 1915. Italie. 45 min. Noir & blanc / teinté / viré / peint. Numérique DCP. Musiqué. Intertitres italiens. Sous-titrage informatique en français.
Tout débute à la Cineteca di Bologna par la découverte d’une copie 35 mm en noir et blanc, fanée et flétrie par le temps. Celle de Rapsodia satanica, une prestigieuse production italienne mettant en vedette la diva des temps muets, Lyda Borelli. Au milieu des années 1910, l’actrice suscita un phénoménal mouvement d’engouement populaire que l’on appela sobrement le borellisme. Puis, la partition originale fut miraculeusement retrouvée. La musique de Piero Mascagni épousait admirablement les tourments et la gestuelle expressive de la Borelli. Au château des illusions, la comtesse Alba d’Oltrevita scelle un pacte avec Mephisto. La jeunesse éternelle à condition de refuser l’amour. Enfin, une copie nitrate ayant conservé ses teintes et surtout ses fabuleuses scènes peintes à la main directement sur la pellicule est finalement localisée à la Cinémathèque suisse. Après une restauration numérique opérée en 4K, Rapsodia satanica retrouve une seconde jeunesse. Difficile donc de rester insensible devant les tableaux complexes et raffinés mis en place par le réalisateur Nino Oxilia. Ce dernier fait de sa variante du mythe de Faust un écrin de grand luxe pour sa fascinante star. Pourtant, Rapsodia satanica est bien plus qu’un objet esthétique sophistiqué convoquant peinture préraphaélite et Art Nouveau, bien plus qu’une pièce historique colorée à la main. Ce film-là orchestre la fusion entre l’évidente sensibilité poétique de son metteur en scène, son sens de la composition et l’extraordinaire performance d’une actrice qui a su exprimer à travers son corps, ses yeux et sans aucune parole les contradictions de l’âme humaine.
Séance présentée par Andrea Meneghelli, responsable des collections films de la Cineteca di Bologna