La Fin du jour | Histoire(s) de restaurations – Pathé | ABC
Julien Duvivier. 1939. France. 108 min. Noir & blanc. Numérique DCP. Restauration menée par Pathé en 2015, exécutée en 4K par le laboratoire L’Immagine Ritrovata, à partir du négatif image nitrate et d’un négatif son optique (éléments Christian Duvivier/Pathé), avec le soutien du CNC.
Attention ! Contrairement à ses apparats de comédie, La Fin du jour est un film noir. Très noir. Pourtant, c’est aussi l’une des œuvres les plus humaines de Julien Duvivier qui compte parmi les plus pessimistes des réalisateurs français. La Fin du jour s’inspire avant tout d’un lieu. Une pension, pour être précis, qui n’est autre que celle de Pont-aux-Dames, un hospice pour comédiens retraités et nécessiteux. Selon Duvivier et Charles Spaak, son scénariste, les deux hommes n’ont en rien exagéré ce qu’ils ont pu observer sur place. Ce qui est sûr, par contre, c’est qu’avec l’âge et le désespoir, les rancœurs et les mesquineries s’amplifient. Aussi, quand Raphaël Saint Clair, séducteur et comédien sur le déclin, pénètre dans la petite communauté, tous les pensionnaires sont en émoi, aussi bien ceux qui l’ont aimé que ceux qui le détestent. À bout de souffle, le petit microcosme s’accroche à des lambeaux de vie et se remémorent les performances de jadis. Quitte quelquefois à s’inventer des rôles imaginaires. Mépris, aigreur, égocentrisme et folie. Cabots sans talent, acteurs torturés et vieux Don Juan au bout du rouleau. Duvivier filme là un drôle de drame. Louis Jouvet, Michel Simon et Victor Francen y excellent. Le vernis de la profession n’y résistera pas. C’est cru, réaliste et sans pitié mais terriblement touchant. À tel point que l’on aimerait que cette belle équipe et sa peur de vieillir se fige sur l’échelle du temps… juste histoire de voir la fin du jour se lever à nouveau. Chose faite avec une restauration 4K menée par Pathé en 2015 à partir du négatif image nitrate et d’un négatif son optique.
Séance présentée dans le cadre de l’ hommage à Raymond Chirat