Master class Restaurer Faust | Luciano Berriatúa présente
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En 1993, je commençais à restaurer pour la Filmoteca Española Faust (Friedrich Wilhelm Murnau, 1926). On connaissait l’existence d’un négatif original conservé à Berlin. Je suis allé le voir et j’ai été très surpris, surprise partagée par les équipes de l’archive allemande : il y avait non pas un mais trois négatifs originaux de Faust. À la fin des années 1920, il était courant en Europe et aux États-Unis de tourner avec plusieurs caméras pour monter différentes versions d’un même film. Ces versions étaient destinées à l’exportation.
Cette découverte a tout changé. Quelle version devait être restaurée ? Nous avons dû inventer de nouvelles méthodes afin de trouver les indices pouvant nous aider à déchiffrer l’origine et la finalité de chaque négatif. Nombre de ces indices furent trouvés dans les négatifs eux-mêmes sous forme d’annotations écrites par les monteuses sur les bords des photogrammes.
Il était évident que toutes les versions devaient être restaurées, car grâce à elles nous pourrions connaître les méthodes de tournage de Murnau et comprendre les réflexions qui l’avaient amené à faire des changements significatifs dans les prises de vue successives d’une même scène. Murnau tournait encore et encore le même plan, improvisant et changeant le rythme, l’interprétation et même l’éclairage et le cadrage pour intensifier l’émotion de la scène.
En comparant ces versions, il nous est donné à voir comment un réalisateur de l’importance de F. W. Murnau a créé et développé ses concepts uniques sur le langage cinématographique.
Luciano Berriatúa