Coup pour coup
Marin Karmitz. 1971. Fr. 90 min. Coul. DCP.
1+1
Un nouveau rendez-vous sur le principe du double programme. 1 entrée pour 2 séances. 2 séances pour 1 entrée en cinéma. L’interroger, le regarder autrement en mettant des films en regard sur le principe de montage : 1 plan + 1 plan = …
Ici donc, 1 film + 1 film = ?
Grève et occupation d’usine. Comment filmer le mouvement ouvrier ? Dans la foulée des mobilisations de mai 68, la question a été primordiale. Elle a fortement secoué le cinéma militant et agité les rédactions des revues de cinéma. Faut-il faire des films au nom de la classe ouvrière ou pour la classe ouvrière ? Faire du cinéma politique ou faire politiquement du cinéma ? La question peut paraître absconse ou datée aujourd’hui ; elle a dressé de véritables barricades entre les critiques à l’époque et porte toujours sur un aspect incontournable du cinéma : la mise en scène. Quelle mise en scène pour quel point de vue ? Ou plutôt quelle mise en scène par le point de vue de qui ?
Posons-nous la question avec deux films produits et sortis au même moment, sur un sujet identique (une occupation d’usine), deux films militants, mais radicalement opposés dans leur approche esthétique et donc éthique. D’un côté, Marin Karmitz, avec Coup pour coup, adopte la forme documentaire pour recréer une grève sauvage avec les ouvrières de l’usine qui (re)jouent leurs propres rôles sur la base de leur propre expérience. Le cinéma use de ses artifices pour défendre une cause vraie. De l’autre côté, Godard et Gorin retournent les éléments de la pure fiction (stars, décors, travellings) pour dénoncer dans une écriture brechtienne les artifices du cinéma et le recentrer dans la vérité de la cause.
Deux films qui ont été les déclencheurs d’une véritable bataille d’Hernani au début des années 1970. Et qui, loin de relancer les polémiques d’alors, offrent à les voir ensemble une petite leçon de cinéma.
Tarif pour les deux séances (disponible uniquement à l’accueil) : 10 €