Transatlantic – MoMa
William K. Howard. 1931. USA. 78 min. N&b. DCP. VO. Sous-titrage informatique en français. restauré par le Museum of Modern Art en 2017 avec le soutien de la Film Foundation et de la George Lucas Family Foundation.
D’abord un constat. Celui de vouloir faire démarrer à tout prix l’histoire de la Twentieth Century Fox avec l’arrivée, en 1935, du sauveur Darryl F. Zanuck. Avant de porter ce nom composé, la célèbre compagnie était connue à Hollywood sous le nom de Fox Film Corporation, d’après son créateur William Fox. Et même si le puissant studio connaît une crise interne et financière sans précédent au début des années 1930, il continue de fabriquer de phénoménales productions qui tiennent la dragée haute à la concurrence. En est témoin ce Transatlantic, huis clos maritime à l’époustouflante modernité. Un film qui possède autant d’intrigues que le paquebot d’officiers. Chantage, escroquerie, tromperie, trahison, meurtre, joueur suave, gentleman cambrioleur, danseuse de charleston et dangereux gangsters… À la barre, William K. Howard enchevêtre les intrigues avec une limpidité qui force le respect. Mieux, car juste après avoir saisi la fébrilité de l’embarquement, le cinéaste s’approprie son décor (un labyrinthe de cabines, de coursives et d’escaliers) pour bâtir un espace narratif dense et complexe, un monde confiné mais profond et lumineux. De la salle des machines aux ponts supérieurs, la visite est complète, totale, magique et fascinante. Mais si Transatlantic anticipe d’une bonne année Grand Hotel (produit par la MGM), il préfigure aussi la magnificence visuelle du Citizen Kane d’Orson Welles. En bout de traversée, un pur joyau qui contredit l’idée toute faite d’un cinéma du début des années 1930 paralysé par la parole.
Séance présentée par James Layton et précédée d’une « Histoire populaire de cinéma »