Relations
Dessins de Mathieu Bourrillon
Mon rapport à la photographie est basé sur la rencontre de hasard. Au gré des ouvrages, des magazines et des journaux, une image m’arrête, me parle et de ce dialogue émergent des possibilités. Dans sa réalisation, le dessin doit s’approprier l’image photographique, la digérer pour décoller de la simple prouesse technique du « reproduire » et proposer autre chose : une nouvelle histoire où s’équilibrent la trace – les vestiges du point de départ – et l’évidence et la force d’une nouvelle figure autonome.
Le Centre de conservation et de recherche de la Cinémathèque de Toulouse à Balma possède une collection de photographies d’exploitation et de tournage très riche. J’ai eu l’opportunité de m’y perdre et de chercher, de provoquer la rencontre fortuite avec des images qui enclencheraient le dialogue parmi une sélection de films qui m’ont marqué. La rencontre n’a pas toujours eu lieu là où je l’attendais et, au contraire, certaines images se sont imposées avec évidence.
L’exposition s’appelle « Relations » au double sens du terme : à la fois relater et relier. Si le film déroule une narration en mouvement qui emporte le spectateur, l’image fixe en articule une autre, plus sourde, qui nécessite une participation active du « regardeur ». S’approprier l’image fait partie d’un processus plus large qui consiste à s’approprier le récit pour tenter d’en suggérer un autre. Il ne s’agit pas d’illustrer, même si le lien avec le film persiste, mais de proposer un dessin qui s’éloigne vers d’autres territoires. Construire une série sur une même image permet cet éloignement par étapes successives. Comme un caillou jeté dans l’eau crée des cercles concentriques : éloignons-nous de l’épicentre.
Mathieu Bourrillon