La Cinémathèque de Toulouse doit beaucoup à la personnalité de son fondateur, Raymond Borde, à sa vision et à sa capacité à rassembler les cinéphiles de la ville autour de son projet. Passionné de cinéma, critique pour différentes revues, écrivain, Raymond Borde entreprend, dès le début des années 1950, de collecter des films auprès des forains du Sud-Ouest, mais aussi des Offices du cinéma éducateur.
Son projet – constituer une grande collection de cinéma – prend forme dans une ville où la pratique du cinéma a toujours été forte. Toulouse abrite en effet un nombre important de salles de cinéma, et les ciné-clubs, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, renforcent cette cinéphilie populaire qui la caractérise. Qu’il s’agisse du Ciné-Club de la Jeunesse de Toulouse (CCJT) ou du ciné-club de Toulouse créé par Marcel Tariol, ces initiatives ont formé plusieurs générations de spectateurs et ont, d’une certaine façon, participé à la création de la Cinémathèque de Toulouse : comment envisager une telle institution dans une ville qui n’aimerait pas le cinéma ?
Après une dizaine d’années de collecte dans le grand Sud-Ouest et plus largement dans le Sud de la France, Raymond Borde décide en 1964, avec l’équipe de cinéphiles qu’il a fédérée autour de son projet, de donner une forme juridique à son initiative : il crée la Cinémathèque de Toulouse le 12 février et la constitue en association loi 1901, sur le même modèle que celui adopté par Henri Langlois pour la Cinémathèque française. Dès 1965, Raymond Borde choisit d’adhérer à la Fédération Internationale des Archives du Film (FIAF) et ouvre ainsi la Cinémathèque de Toulouse aux échanges internationaux, qui vont se révéler déterminants pour son avenir. Ainsi la rencontre, en 1966, avec le puissant Gosfilmofond, archive nationale du film d’Union soviétique, est-elle à l’origine d’une collaboration particulièrement riche entre Moscou et Toulouse, et qui se poursuit aujourd’hui. Après avoir fonctionné grâce uniquement au bénévolat de ses membres, la Cinémathèque de Toulouse reçoit, au début des années 1970, ses premières subventions publiques. Tout en restant fidèle au militantisme de son fondateur, elle commence ainsi à se professionnaliser tandis que ses collections ne cessent de s’accroître.
Né le 28 août 1920 et mort à Toulouse le 20 septembre 2004, Raymond Borde est le fondateur de la Cinémathèque de Toulouse. Critique de cinéma pour Les Temps modernes (1954-1961), membre du comité de rédaction de Positif (1954-1967), puis des Cahiers de la cinémathèque (à partir des années 1970) et d’Archives (créé en 1986), il publie de nombreux ouvrages sur le cinéma, reflétant la variété de ses intérêts (burlesque, animation, film noir, cinéma social…). Proche du mouvement surréaliste, membre du parti communiste (il en est exclu en 1958 suite à la publication d’un article sur « La fin du stalinisme »), militant anticolonialiste (il s’oppose à la Guerre d’Algérie et signe, en 1960, le Manifeste des 121 sur le droit à l’insoumission), il est partisan d’un cinéma engagé.
Animateur du Ciné-Club de Toulouse dans les années 1950, Raymond Borde fonde officiellement la Cinémathèque de Toulouse le 12 février 1964. Celle-ci adhère à la FIAF (Fédération Internationale des Archives du Film) le 23 juin 1965, adhésion qui marque la fin des relations entre Raymond Borde et Henri Langlois, le fondateur de la Cinémathèque française. Bien qu’ils soient tous deux favorables à une collaboration internationale entre les cinémathèques, Henri Langlois a rompu avec la FIAF suite au Congrès de Stockholm de 1959, tandis que Raymond Borde choisit d’en rester membre.
Outre ses activités d’historien et d’archiviste, Raymond Borde a réalisé un court métrage consacré au peintre Pierre Molinier et publié un pamphlet anarchiste (L’Extricable) ainsi que plusieurs récits.
Conservateur puis président de la Cinémathèque de Toulouse et vice-président de la FIAF de 1966 à 1990, il aura consacré sa vie à la défense du patrimoine cinématographique et à l’histoire du cinéma.
1952
Raymond Borde découvre, aux puces à Saint-Sernin, une copie de The Ring (1929), film d’Alfred Hitchcock alors considéré comme perdu.
1958
Premières projections dans la salle Montaigne du CRDP, rue Roquelaine, à Toulouse.
1964
La Cinémathèque de Toulouse est fondée le 12 février.
1965
La Cinémathèque de Toulouse devient membre de la FIAF.
1970/1971
Installation dans des locaux pérennes : rue du Faubourg Bonnefoy, à Toulouse, pour l’administration ; au Vernet pour les films.
1981
Premiers salariés permanents.
1990
Fin de la présidence de Raymond Borde.
1997
Inauguration du bâtiment de la rue du Taur, à Toulouse.
2004
Inauguration du Centre de conservation et de recherche à Balma.
2014
La Cinémathèque de Toulouse a 50 ans.