Prochainement sur votre écran : la fin du monde
Depuis la grande peur du cataclysme nucléaire dans les années 50, le film d’apocalypse a été érigé en genre à part entière, que l’affiche doit rendre immédiatement reconnaissable. Si le champignon atomique est un signe iconographique qui se suffit à lui-même, couramment utilisé et dont nous ne présentons ici qu’un exemple (Le Jour d’après de Nicholas Meyer), le paysage vitrifié de Malevil n’en est pas moins parlant ; le récit s’y noue dans les conséquences imprévisibles de la catastrophe et non au moment de l’explosion qui n’est que le point d’amorce du film.
Mais dans l’art plus récent de l’affiche, le 11 septembre 2001 a largement contribué à faire évoluer tant le genre que sa représentation publicitaire. Aux représentations spectaculaires et très descriptives des années 70 (La Fin du monde, Les Survivants de la fin du monde) se sont en effet substituées des aurores sépulcrales où le globe terrestre (figure métonymique des États-Unis) est menacé, de vastes champs de ruines où ce que l’on reconnaît de l’Amérique disparaît sous une épaisse poussière (Je suis une légende) qui n’est pas sans évoquer celle des Twin Towers après leur effondrement.
Ces affiches des années 2000 peuvent donc être regardées comme un ensemble homogène, marqué par l’absence de silhouettes humaines (sauf lorsque le distributeur juge nécessaire d’y apposer une représentation de la vedette principale ; Bruce Willis dans Armageddon par exemple), où l’emporte la pénombre, et dont la présence d’objets du quotidien (la Statue de la Liberté, le pont de Brooklyn, et surtout les véhicules abandonnés de Phénomènes) vise à ce que le spectateur soit dominé non par la peur, mais par un sentiment d’inquiétante étrangeté qui suscite le désir d’aller y voir de plus près.
Christophe Gauthier
Une exposition conçue par le département des collections de la Cinémathèque de Toulouse