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Un art populaire oublié : la couleur à l’honneur

Du mardi 08 novembre 2011
au samedi 31 décembre 2011

Dans une séquence restée célèbre des Quatre Cents Coups, le jeune Antoine Doinel, animé par une cinéphilie kleptomane revendiquée par François Truffaut lui-même, fauchait un lot de photos placées en vitrine d’un cinéma. On sait peu que ces photographies dites de promotion ou d’exploitation, dont la Cinémathèque conserve plusieurs dizaines de milliers d’exemplaires, sont parfois de véritables œuvres d’art populaire, rendues tout à fait uniques par l’adjonction de couleurs.
Dans la plupart des cas, un coloriste intervient directement sur un ensemble de clichés en noir et blanc, ensuite imprimés par photogravure, comme on le voit dans les essais réalisés pour le roman-photo adapté de Fabiola, la Cinémathèque ayant la chance de conserver à la fois les maquettes originales et le résultat définitif publié en dernière page de Cinémonde.
Ce procédé, utilisé dès les années 30 pour les couvertures de prestige de revues grand public comme pour certaines affiches (celle de La Belle et la Bête par exemple), se mécanise après la guerre grâce à un système de colorisation au pochoir, qui permet l’édition en série de romans-photos (la série des Roman Film Color insiste bien sur cette dimension particulièrement attractive).
À ces procédés de reproduction mécanique de la couleur s’ajoutent dans certains cas des rehauts à la gouache portés directement à la main sur les tirages (Le Juif polonais). Dans les quelques clichés que nous avons retenus (ceux du Diable au corps ou de La Grande Maguet), les plus habiles de ces artistes, demeurés anonymes, hissent alors le simple support publicitaire au rang de créations picturales, qui, non sans mélancolie, évoquent la mémoire encore vivace de l’impressionnisme.

Christophe Gauthier

Cette exposition est organisée par le département des collections de la Cinémathèque de Toulouse.