Que Viva John Ford !
Exposer John Ford, c’est bien entendu exposer le western. À cet égard, la sur-représentation du genre – de La Chevauchée fantastique aux Cheyennes pour les films sonores – dans les collections iconographiques de la Cinémathèque témoigne de la manière dont Ford l’incarne à lui seul. Assez classiquement, les affiches y privilégient le mouvement, voire une double action – l’une au premier plan, l’autre au second – et bien souvent la vedette masculine, le plus souvent John Wayne, ce double du cinéaste, qui fut aussi L’Homme tranquille ou le Michael Donovan de La Taverne de l’Irlandais.
Mais au-delà du cas irlandais qui traverse toute son œuvre, l’iconographie fordienne est avant tout américaine. À cette aune, le western apparaît moins comme un genre – ce qu’il est pourtant incontestablement – que comme emblème d’une « américanité » attestée par tant de photographies. Peut-être faut-il donc détourner le regard, l’éloigner du cinéma, et regarder ces clichés et ces affiches moins comme des supports promotionnels des films que comme des images emblématiques d’un pays dont les films seraient à la fois la chronique et la légende.
Au final, le grand sujet de John Ford, tel qu’il transparaît dans les collections iconographiques de la Cinémathèque de Toulouse, ce sont les États-Unis d’Amérique, des misères de la Grande Dépression à la gloire du Second conflit mondial, de l’enthousiasme des pionniers (dont Henry Fonda incarne deux figures dans Sur la piste des Mohawks et Vers sa destinée) aux zones sombres de la conquête de l’Ouest (Fort Apache, La Prisonnière du désert, Les Cheyennes). Dans cette richesse et cette diversité réside la grandeur de John Ford, l’homme-cinéma.