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Miroir, mon beau miroir… Laideur et beauté de la sorcière au cinéma

Du mardi 21 avril 2020
au dimanche 28 juin 2020

Coiffée d’un chapeau pointu, à cheval sur un balai, agitant des doigts aux longs ongles, accompagnée de fidèles compagnons tels chats ou corbeaux : tremblez ! C’est la sorcière ! Avec la panoplie du métier – chaudron, grimoire, miroir, sceptre, sphère magique, potions et onguents… – le cinéma s’empare de l’iconographie traditionnelle pour façonner ses sorcières.
Les procès pour sorcellerie à partir du Moyen Âge (sujet de plusieurs films tels Jour de colère / Dies Irae ou Les Sorcières de Salem) ont visé, misogynie aidant, des femmes considérées comme dangereuses, des femmes indépendantes, très souvent de vieilles femmes seules. Mais la peur de la menace féminine s’est cristallisée aussi sur une deuxième incarnation, la beauté tentatrice et envoûtante. Ces deux visages de la peur ont donné lieux à deux archétypes de la sorcière au cinéma : d’un côté, la vieille femme acariâtre, au nez crochu, à la voix stridente, mal fagotée ou au contraire attachée à son image dans une tentative (malheureuse) d’être belle en se chargeant de bijoux, de maquillage criard ou d’habits extravagants ; de l’autre, une femme à la beauté glaciale, envoûtante et impitoyable, parfois hypersexuée, se servant de ses charmes pour piéger ses victimes.
Dans l’univers des contes pour enfants, où la sorcière est une figure incontournable, sa représentation à l’écran est dominée par les films d’animation Disney. La reine-mère de Blanche-Neige et les Sept Nains dans le film de 1937 rassemble en elle la beauté de la femme fatale (inspirée, paraît-il, de Joan Crawford) et la laideur de la vieille édentée qui offre la pomme à l’héroïne. Ce personnage dichotomique inspirera d’un côté la sorcière de l’Ouest (Le Magicien d’Oz) et ses hideuses consœurs, de l’autre une série de belles Maléfiques et Morganes, à qui les Charlize Theron, Angelina Jolie ou Nicole Kidman ont prêté leurs traits dans de récentes productions.
Sortie de son rôle d’affreuse méchante, dans la lignée des sorcières des comédies romantiques (Kim Novak dans L’Adorable Voisine ou Veronica Lake dans Ma femme est une sorcière), et avec notamment le succès de la comédie fantastique des années 1980 et 1990, la sorcière est souvent revisitée en une version plus positive ou cocasse (Hocus Pocus, Les Sorcières d’Eastwick, L’Apprentie Sorcière…).
La Cinémathèque de Toulouse propose de redécouvrir ces sorcières bien-aimées, mégères ou enchanteresses, en photos et affiches le temps d’une exposition.

Francesca Bozzano, directrice des collections

Entrée libre