Effets spéciaux, l’époque héroïque d’avant le numérique
Il était une fois un cinéma sans pixels ni motion capture, un cinéma composé de pellicule à développer, de maquettes minuscules et de décors monumentaux, de verre, pinceaux et peintures… Un monde où les effets spéciaux au cinéma étaient justement spéciaux, rares, employés pour créer ce qui n’existe pas dans la réalité ou qu’il est trop coûteux d’aller filmer.
C’est une époque révolue : aujourd’hui, grâce au numérique, les VFX (visual effects) sont de plus en plus sophistiqués et, paradoxalement, monnaie courante. Nous les retrouvons pratiquement dans chaque scène, même la plus banale, car ils permettent de réduire les frais liés aux décors et aux déplacements, d’optimiser les plannings de tournage ou les prises de vues avec de nombreux figurants…
Cette exposition se concentre sur quelques-uns des effets « très » spéciaux d’avant le numérique, sur les premiers pas accomplis par les techniciens, les artisans et les artistes qui ont inventé et perfectionné tout un arsenal d’artifices destinés à épater le spectateur : escamotages, caches, surimpressions, animations image par image, différences d’échelle, effets de perspective, maquillages et ainsi de suite.
Tout cela contribue grandement à la magie du cinéma. Et quand on dit magie, on dit secret : un prestidigitateur se doit de ne pas révéler ses trucs ! Nous contrevenons ici à cette règle en montrant l’envers du décor. Une installation invite les visiteurs à devenir acteurs d’un trucage utilisant la technique de la transparence : celle qui permettait aux vedettes de conduire une voiture ou une moto sans avoir à se préoccuper de la route et qui donnait l’illusion du mouvement sans devoir sortir du studio. Qui le désire pourra ainsi chevaucher un side-car et se filmer en pleine action avec son portable. Nous nous appuyons aussi sur des photos de tournage pour expliquer comment on crée des dimensions étonnantes, on fait naître des univers imaginaires, on fabrique de grandioses décors à moindre coût. Des documents, issus des collections de la Cinémathèque de Toulouse, nous montrent les innombrables fantômes, monstres et autres réjouissances créés grâce aux effets spéciaux optiques ; des prothèses laissent apercevoir les outils utilisés par les maquilleurs afin de métamorphoser le corps de l’acteur et coller au personnage. Cerise sur le gâteau, nous exposons une « tête de cinéma extraordinaire » : Alien débarque dans le hall de la Cinémathèque ! Et, pour finir, nous verrons que la troisième dimension a été recherchée depuis la naissance de l’art.
L’exposition dévoile donc de nombreux trucages et mirages parce que, là où il y a secret, il y a plaisir à le percer…
Francesca Bozzano, directrice des collections de la Cinémathèque de Toulouse
Chalereux remerciements au HR Giger Museum pour le prêt de la tête d’Alien
Entrée libre
Hall de la Cinémathèque