Guy Gérard Noël, affichiste : des couleurs plein les yeux
Le regard perçant de Melina Mercouri, le ciel jaune qui écrase Jean Gabin et Françoise Arnoul, la bagarre violente entre Rock Hudson et Kirk Douglas, la silhouette noire d’un cow-boy texan : il est difficile de rester impassible devant l’intensité des affiches de Guy Gérard Noël. Guy Carré de son vrai nom, il choisit un pseudo en enchaînant ses deux prénoms et « Noël », du fait d’être né le 25 décembre 1912 : Guy Gérard Noël, une longue signature à l’allure festive, comme une guirlande sur le bord de l’affiche.
Formé aux Arts Déco, contrebassiste passionné de jazz, c’est dans le monde de la musique qu’il fait ses premiers pas en tant que dessinateur. Ses illustrations monochromes embellissent les partitions de chansons à la mode, et ses décors illustrés habillent quelques cabarets à Paris. Ce n’est que dans l’immédiat après-guerre qu’il commence à réaliser des affiches pour le cinéma.
Rapidement, son style s’affirme et devient très reconnaissable. Des couleurs vives et intenses, avec des choix qui ne recherchent pas tant un rendu réaliste qu’une atmosphère. « Ah, le bleu Guy Gérard Noël ! », aurait eu l’habitude de s’exclamer devant ses affiches Sacha Guitry. Des cieux bleus bien chargés, mais aussi jaunes ou rouges ; des visages expressifs aux teintes rouges, bleues, jaunes, vertes… Des éléments graphiques récurrents : du coloriage façon pochoir aux jeux de silhouettes pour le rendu de personnages, de chevaux, de décors en arrière-plan (la basilique de Marseille ou les gratte-ciel new-yorkais…). Des arrière-plans monochromes d’où surgissent avec force personnages, actions, décors. Ou un cadre noir, qui fait ressortir souvent l’éclat des couleurs. Des compositions dynamiques et puissantes, privilégiant des scènes de mouvement, de bagarres, de courses, ou de tensions statiques comme un duel entre cow-boys ou le moment suspendu où l’on pointe un pistolet. Un style très connoté qui s’adapte très bien au cinéma de genre : westerns, polars, comédies, films d’aventure ou encore d’épouvante. Guy Gérard Noël devient d’ailleurs un des pinceaux attitrés des affiches françaises de la Hammer : Le Baiser du vampire, L’Empreinte de Frankenstein, La Nuit du loup-garou…
Comme nombre d’affichistes de cinéma de l’époque, dont le travail était sublimé par la technique lithographique, Guy Gérard Noël a abandonné le métier au moment où l’offset s’est imposé, à la fin des années 1960. Il a préféré se retirer et se consacrer à l’illustration de livres pour enfants et de pochettes de vinyles.
Dur, dur de choisir seulement une vingtaine d’affiches parmi les deux cents signées Guy Gérard Noël présentes dans les collections de la Cinémathèque de Toulouse…
Claudia Pellegrini, département des collections
Hall de la Cinémathèque