Mon nom est… Casaro : affichiste sans frontières
Ses dessins sont imprimés dans notre mémoire collective, même si l’on ne connaît pas son nom… Mesdames et messieurs, j’ai nommé : Renato Casaro, affichiste italien à la carrière internationale. Car, si la plupart des affichistes travaillent pour la promotion et la diffusion d’un film dans leur propre pays, Casaro, lui, a signé autant d’affiches italiennes que françaises, américaines ou allemandes.
Cinéphile dès son plus jeune âge, Casaro commence au début des années 1950 à dessiner des affiches pour un cinéma de sa ville natale, Trévise, en échange d’entrées gratuites. Signalé par ce même cinéma au Studio Favalli, qui s’occupait de la publicité pour la Lux Films, il intègre, à seulement dix-neuf ans, l’équipe du studio romain où il apprend le métier en côtoyant les grands noms de l’affiche italienne : Cesselon, Brini, Ciriello, De Seta… Rapidement, il s’installe à son compte et il commence à répondre à de nombreuses commandes. Sa production est essentiellement liée au cinéma de genre : péplum, western, fantastique… Le premier succès international arrive en 1966 avec la campagne promotionnelle pour La Bible de John Huston : la commande du producteur Dino De Laurentiis, qui apprécie le travail de Casaro, est également destinée au marché américain. Son talent est ainsi remarqué par Sergio Leone, avec qui Casaro commencera une longue collaboration, allant de l’affiche allemande de Pour une poignée de dollars, en passant par Mon nom est Personne, dont Leone était producteur et scénariste, jusqu’à Il était une fois en Amérique, pour lequel il réalisa la campagne publicitaire internationale. Tout en gardant son style personnel, Casaro a su s’adapter aux formats et aux goûts du public des différents pays. Dans les années 1980, Renato Casaro est au summum de sa gloire. Il s’installe en Allemagne pour pouvoir plus facilement accéder au marché international. Alors que les affiches dessinées sont sur leur déclin, Renato Casaro introduit dans ses travaux l’utilisation de l’aérographe, inédite jusque-là dans l’affiche de cinéma : l’effet particulier, hyperréaliste et pictural à la fois, lui permet ainsi de concurrencer la photo.
Dans sa vaste carrière (plus de mille affiches), au gré des rencontres et des bonnes ententes avec réalisateurs ou acteurs, il lie son nom à certains filons particulièrement réussis : le duo Terence Hill et Bud Spencer, aux dires desquels il aurait contribué au succès de leurs personnages ; le genre du western spaghetti, sous l’aura de Sergio Leone ; les héros du cinéma d’action américain, pour lesquels Casaro a créé des visuels de portée internationale (de la trilogie Rambo aux différents personnages incarnés par Arnold Schwarzenegger) ; les personnages de Belmondo dans le cinéma français des années 1980 ; les films avec Adriano Celentano, célèbre chanteur italien, dont Casaro a réalisé quasiment toutes les affiches, en exagérant les longues jambes de celui qui était surnommé « il molleggiato » (l’homme monté sur ressorts).
Renato Casaro met son talent au service du septième art jusque dans les années 1990, quand il décide de mettre de côté cette activité pour se consacrer à la peinture animalière. Mais à sa grande surprise, Quentin Tarantino le contacte en 2018 : admiratif de son travail, le réalisateur américain veut lui confier la réalisation de fausses affiches de cinéma pour illustrer la filmographie fictive du personnage de Rick Dalton, interprété par Leonardo DiCaprio dans son film Once Upon a Time… in Hollywood. Un hommage de taille, plus qu’apprécié par l’artiste lui-même, pour conclure sa longue et riche carrière de dessinateur de cinéma.
Une exposition réalisée à partir des collections de la Cinémathèque de Toulouse.
Claudia Pellegrini, Département des collections