Extrême Cinéma 2024
Dans le gigot, ce qui est bon, c’est pas la viande. Ce sont les pointes d’ail. Ainsi parlait Raimu. Et faire une programmation, c’est un peu comme faire la cuisine. Alors, on a enlevé la viande et on a gardé l’ail. Une belle grosse gousse confite au four. C’est la 25e édition quand même. Ça méritait un petit gueuleton. Que du bon, comme l’a dit Raimu. Du qui reste bien en bouche.
Marc Sens pour donner le « la ». Christophe Bier, qui est un peu notre oncle d’Amérique ramenant toujours de peu recommandables présents aux retrouvailles familiales. Guillaume Perrin, cousin germain venant de quelque Badlands où la Brinks n’ose plus s’aventurer. Mutoscope, les beaux-frères du gang lyonnais qui font de l’œil aux jeunes en jury. Les petits frères du Grindhouse Paradise qui grandissent, grandissent, et connaissent les nouvelles tendances. Ludette Berlu et « ses » artistes, parce qu’il n’y a pas de banquet sans trou normand. Et des invités d’honneur : Gaspar Noé, parce que depuis qu’il nous a présenté son boucher on ne mange plus la viande qu’en escalope bien attendrie au marteau, et Claude Loir et Hervé Joseph Lebrun, parce qu’il n’y a pas de repas de fête sans histoires de fesses. Voilà pour la tablée. Le tout saupoudré des pastilles poivrées de Tonton Yves, dans un décor dressé par Manuel Pomar pour faire de la Cinémathèque un lieu commun.
Il y aura aussi du nouveau au menu. Un amuse-gueule en guise de Warm Up avec Space Bucket et Animaçao au Gloria, un soir de Saint-Valentin. Il y aura le retour de la Nuit qui tue, même si on est trop vieux pour ça – mais il faut bien un moment pour que digestion se fasse. Et il y aura, dernier arrivé dans la famille, un écran ouvert (ou bleu) aux films autoproduits, pour que la fête soit plus folle.
bq.Dans le gigot,
ce qui est bon,
c’est pas la viande.
Ce sont les pointes d’ail.
Et puis il y aura des absents, comme toujours aux repas de famille. Cette année, il nous manquera un film japonais des années 1980 sur lequel on travaillait en partenariat avec les collègues belges du Offscreen Film Festival pour vous présenter une copie 35 mm de la NFAJ (l’archive nationale japonaise du cinéma). Un distributeur / éditeur français qui vient d’en acquérir les droits d’exploitation sur le territoire nous refuse la projection parce qu’il a d’autres plans pour le film. C’est la première fois que cela nous arrive en 25 ans d’existence. Il est vrai que l’on est un festival obscur. Impuissants face à la spéculation, nous partagerons un spéculoos avec les amis belges une prochaine fois. L’histoire laisse un goût de vomi dans la bouche. Mais avec une pointe d’ail on en masquera l’haleine. Raimu avait vraiment raison ; c’est l’ail qui fait toute la différence. Allez, à table !
L’équipe d’Extrême Cinéma
La plupart des films de la programmation comportent des scènes ou des propos susceptibles de heurter la sensibilité des plus jeunes. Et des plus vieux. Et du milieu. Hommes ou/et femmes ayant des enfants ou des chiens, se déplaçant en trottinette – électrique ou pas – ou en bannis de la ZFE, pour ou contre la retraite à 60 ans, mangeurs de 35 mm ou guincheurs de 4K… Brefs, quels que soient votre âge, votre sexe, vos goûts, attendez-vous à être dérangés par ce que vous verrez.
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