Week-end Philip K. Dick
Génial écrivain de science-fiction, Philip K. Dick a amené la littérature dans une autre dimension, une autre réalité. Et cette réalité-là ne pouvait que séduire le cinéma. Entre illusion de la réalité, une réalité qui fait illusion, et réalité de l’illusion, les brouillages de perception auxquels l’écrivain ouvre les portes font plus que résonner avec le cinéma. Ils sont le cinéma lui-même : une question de reproduction. Une mise en image. Une représentation de la réalité qui s’interroge en même temps sur ce que serait le réel. Une représentation ? Ou une manipulation ? Mais qu’est-ce que le réel en fait ? Ce que l’on voit ? Ou quelque chose au-delà du visible ? Derrière le visible ? Adapter Philip K. Dick, c’est amener le doute au cinéma. Par l’entremise de ses histoires : déceler l’humain de sa réplique, personnage qui hallucine ou qui se libère d’un storytelling aliénant… Le doute à l’intérieur même du cinéma, dans le scénario. À douter du cinéma lui-même. Art du faux-semblant, n’est-il pas un de ces instruments de manipulation cognitive ? De quoi devenir paranoïaque. Ou de s’amuser d’un palais des glaces comme on en trouve dans les fêtes foraines…
Franck Lubet, responsable de la programmation de la Cinémathèque de Toulouse