Rencontres internationales Traverse 2022
Nous avons vingt-cinq ans, passés à apprécier, sans l’ombre d’un doute, la capacité de l’expérimental. À attester qu’il est cinéma, qu’il s’ouvre en performances, qu’il s’étend en installations, qu’il se partage sans s’épuiser. Ce fut en une arrivée en gare, que le cinéma entra dans le monde avec le voyage, la rencontre en train, le dépassement du lieu, c’est en flots, ressac voire eaux d’artifice que se déploie notre anniversaire en expérimental qui ne saurait se fêter sans la Cinémathèque.
Cela débute sur un jeu d’eaux, hommage à Kenneth Anger, avant des variations de tempo, durée, source, puisque deux films plus longs encadrent des opus dévoués au footage. Plus brefs, ils empruntent, à des mélos des années 1950, la survivance de la surveillance stalinienne, où chacun épie l’autre toujours et partout ; ils mêlent les plans d’arrivée du train – emblématique – et de séjour en cure de Fellini, de Rossellini et tresse en multi-écran la violente réaction de la séductrice – jouée par Bette Davis – éconduite. En seuils, un poème visuel compose en stéréotypie des plans de vacances en bord de Loire, retravaillés à la main, favorisant la matérialité du grain, les défauts de la pellicule dont est reconnu le potentiel, sur une bande-son électronique écrite et improvisée. Des plans de Tarkovski, Ophüls, Rossellini, des paroles d’auteurs, des musiques suggèrent notre monde en se souvenant de l’aurore annoncée par Giraudoux.
Simone Dompeyre, directrice artistique des Rencontres internationales Traverse