Le lapin expérimental – Traverse vidéo
La vache a longtemps été l’animal vidéographique aux longs cils langoureux et au mufle ruminant regardant ou pas le filmeur… Désormais en animation très différente ou prise de vue, français ou suisse, japonais ou croate, belge ou de Londres, c’est le lapin, souvent déjanté, courant de pré en garenne, se cachant en terrier ou copiant l’humain que poursuit, ainsi qu’Alice, le cinéma expérimental.
Le lapin occupe le champ, discute savamment, s’invente des rites, n’est qu’illusion en boutade écolo. Le lapin esquive les flèches du tableau d’Uccello où il se retournerait contre l’archer. Il est en amour ; il est décalage, et, bien sûr, il se souvient d’Alice. Cependant, si certains – qui emprunte la mise en abyme ou qui devient créateur très actif du plan fixe – arrivent à se terrer trop loin pour les rattraper, quelque autre animal courra à leur place.
« Si vous croyez au “Lapin”, vous croyez à tout. Si vous ne croyez pas au Lapin, vous ne croyez à rien. » Le préliminaire de The Great Rabbit embraye très justement sur ce programme qui lui est dédié. Le désir de cette chasse filmique attendait le moment propice pour sa programmation et, pour ceux qui douteraient de cette date, lors d’une enquête, en 2012, au Royaume-Uni, sur ce qu’étaient le Vendredi saint et le dimanche de Pâques, l’un des sondés répondit « un truc avec des lapins ».
Simone Dompeyre, directrice artistique des Rencontres Internationales Traverse