Un débris de l’empire (Oblomok imperii) | SOIRÉE D’OUVERTURE
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Projection en ciné-concert de Un débris de l’empire de Friedrich Ermler, film rare issu des collections de la Cinémathèque de Toulouse. Hakim Bentchouala-Golobitch interprétera au piano la partition originale écrite en 1929 par Vladimir Dechevov. Cette partition, qui vient d’être redécouverte dans les archives russes par la Cinémathèque de Toulouse, sera restituée au public pour la première fois depuis sa création.
Membre du Proletkult, Vladimir Dechevov fait partie de l’avant-garde musicale des années 1920. Il s’illustre notamment dans de la musique « constructiviste » (Rails) et des œuvres à thème contemporain comme le ballet Tourbillon rouge en 1924 ou l’opéra Acier et glace en 1930 sur la mutinerie des marins de Kronstadt de 1921. Darius Milhaud le considérait comme l’un des talents les plus prometteurs de sa génération. À propos de la partition écrite par Dechevov pour Un débris de l’empire, Hakim Bentchouala-Golobitch note qu’« il s’agit moins d’une musique descriptive que d’une musique d’ambiance qui avance et bouge avec le film. Loin d’être unifiée dans un seul style “typiquement russe”, elle fait aussi appel à d’autres résonnances : françaises (Debussy), autrichiennes (Haydn), voire même au blues ».
La 9e édition de Zoom Arrière invite à redécouvrir le cinéaste Friedrich Ermler. Outre Un débris de l’empire, huit films – muets et parlants – sont présentés du 6 au 14 mars à la Cinémathèque de Toulouse.
Un débris de l’empire
Voici un film étonnant comme le cinéma soviétique a su nous en laisser à la toute fin des années 1920, totalement révolutionnaire, avant le retour à une forme conservatrice imposée par le réalisme socialiste des années 1930. Un film tout à la fois de propagande et critique, qui allie un grand raffinement esthétique à une complexité idéologique très fine par la perversité d’un double regard qu’Ermler, cinéaste à redécouvrir, invite à porter sur l’état du socialisme. Des sortes de lettres bolcheviques, comme celles de Montesquieu étaient persanes. Tombé en amnésie au cours de la Première Guerre mondiale, un homme retrouve la mémoire quelques années après, mais c’est celle d’avant la Révolution d’Octobre et il jette sur la société soviétique le regard d’un homme du régime tsariste…