Programme du EYE Film Institute | Les couleurs du muet
. Couleurs
Programme de courts métrages muets
Fantasia of Color in Early Film (La Fantaisie des couleurs dans le cinéma primitif) est un ouvrage coécrit par Tom Gunning (Université de Chicago), Giovanna Fossati (Université d’Amsterdam et EYE Film Institute), Joshua Yumibe (Université du Michigan), et illustré par Jonathon Rosen. Il comprend une filmographie commentée d’Elif Rongen-Kaynakçi (EYE Film Institute) et une préface de Martin Scorsese.
Le projet a été initié en 2011 et le livre sera publié en 2015 par Amsterdam University Press pour accompagner le colloque « Fantaisie colorée : les mondes chromatiques du cinéma muet » organisé par le EYE Film Institute.
Fantasia of Color in Early Film documente de façon spectaculaire les premières années du cinéma en couleurs grâce à un travail de recherche approfondi et à une analyse minutieuse de films nitrate, produits en nombre avant la Première Guerre mondiale.
Pendant trop longtemps, les premières décennies du cinéma ont été présentées comme techniquement limitées. En effet, les films des années 1910, en apparence sans son, couleur, effets spéciaux modernes ou stars reconnues, ont souvent été considérés comme inaboutis, par rapport aux films contemporains. Mais en réalité cette vision du cinéma des débuts est absolument fausse. Les historiens du cinéma et les archivistes le savent depuis longtemps et le public commence à en prendre conscience grâce aux nouvelles restaurations numériques, aux éditions sur DVD et au succès de films récents, célébrant la naissance du cinéma, tels que Hugo Cabret de Martin Scorsese (2011).
Marqué par la découverte excitante d’un nouveau moyen d’expression, le cinéma des premiers temps est visuellement très inventif. La couleur y constitue même un élément majeur du plaisir cinématographique et elle joue, encore aujourd’hui, un rôle clé dans la redécouverte du cinéma des débuts. La couleur appliquée à la main – ajoutée directement sur l’émulsion de la pellicule – transformait les premières images, ombres en noir et blanc, en de surprenantes palettes de couleur animées. La couleur était laborieusement appliquée sur les films nitrate, d’abord au pinceau, puis à l’aide de pochoirs et de teintages. Sortant du cadre réaliste, la couleur ainsi ajoutée transformait les films en fantasmagories oniriques ou exotiques. Ces procédés de couleur étaient le plus souvent utilisés pour les films à trucs ou les contes de fées qui mettaient en scène, devant le public émerveillé, le royaume de la fantaisie et de surprenants tours de magie.
La couleur était également très populaire dans les films de voyage, permettant de mettre en valeur paysages pittoresques et peuples exotiques ainsi que les merveilles de la nature.
Giovanna Fossati
Conservatrice du Eye Film institute