Possession | Venus d’ailleurs
Andrzej Zulawski. 1980. France / RFA. 127 min. Couleurs. 35 mm. VF
Venus d’ailleurs
Il s’en passe des choses dans la vie d’un couple. Tenez, par exemple Mark et Anna en forment un au bord de la désintégration. Lui s’est longuement absenté, elle, a choisi de prendre un amant. Mais pas n’importe lequel ; une créature visqueuse et tentaculaire qui se nourrit du sang de ses victimes. Dit comme ça, Possession évoque immanquablement le film d’horreur. Erreur ! Le film d’Andrzej Zulawski est un psychodrame fait de bruit et de fureur situé dans un Berlin aussi blafard qu’inquiétant et porté par un casting en transe. Un film d’un pessimisme radical qui conte une histoire d’amour agonisante au sein d’une Europe en crise au bord de l’effondrement. Le chaos règne et Zulawski en est le maître. Mais attention si l’expérience mystique, politique et horrifique distille autant d’énergie, elle peut en prendre en retour. Loin de Berlin, au pays de sa Majesté la Reine, c’est Sam qui réapparait trois ans après avoir abandonné sa femme et son fils. Des retrouvailles douloureuses surtout que le père, plus tout à fait humain, lègue des pouvoirs on ne peut plus spéciaux à son rejeton. Tourné avec les moyens du bord, Xtro n’en est pas moins un bon croc en jambe à l’E.T. de Steven Spielberg sorti un an plus tôt. Ici, la science-fiction se marie à l’horreur seulement pour le meilleur et la cellule familiale explose. Le réalisateur Harry Bromley Davenport s’accordant même quelques digressions surréalistes parfaitement bienvenues. Aussi effrayant que drôle, un grand petit film qui mérite mieux que le statut de plaisir coupable auquel on l’a trop souvent affilié.