Pixote, la loi du plus faible (Pixote, a lei do mais fraco)
Hector Babenco. 1980. Brésil. 128 min. Couleurs. 35 mm. VOSTF
Âge tendre
Et tête de bois. Laisse tomber les yéyés. On est passé à l’âge de plomb. Celui que l’on glisse dans le barillet avant de l’avoir dans la tête. Celui que l’on a dans l’aile dès le départ. La loi du plus faible. La grande extase. Une balle dans la tête, c’est tout bon. C’est tout comme. Des favelas de São Paulo aux rues d’une petite ville côtière britannique, c’est le nihilisme qui se porte en sac ado. Suicide de la jeunesse. Jeunesse suicidée. Du pareil au même. Pixote, l’orphelin à l’école de la rue. S’évader du centre de délinquants juvéniles, échapper à la violence sociale, dealer, braquer les maris qui vont aux putes. Survivre. Grandi trop vite. Robert, l’ado sans problème, l’introverti du collège, celui auquel on ne prête pas attention, qui plonge dans la drogue et la violence jusqu’au massacre. Celui qui n’a rien. Celui qui avait tout. Nihilisme d’une jeunesse qui tombe dans la délinquance pour s’en sortir. Nihilisme de celle qui s’y jette pour se foutre en l’air. Même la violence fait une distinction entre riche et pauvre. Deux styles. La froideur du nord toute en plans léchés, parfaitement éclairés, au cordeau : esthétique qui glace le dos. La chaleur du sud toute en tremblée, style direct, quasi documentaire : esthétique qui donne des sueurs dans le dos. Explosion de violence au nord. Explosion de tendresse au sud. Pixote qui tète le sein d’une prostituée après avoir tué. Après tout, on reste des gosses. Le plus bel âge.