Kissed | Amour à mort
Lynne Stopkewich. 1996. Canada. 78 min. Couleurs. 35 mm. VOSTF
Amour à mort
À ma droite Nekromantik, poids lourd du film underground teuton de fort mauvais goût. À ma gauche Kissed, fleuron de ce que pouvait donner de mieux le cinéma indépendant d’Amérique du Nord au milieu des années quatre-vingt-dix. À priori tout les oppose. Le premier est tourné en Super 8 et cultive logiquement une politique du grain qui renvoie directement au cinéma amateur. Le second bénéficie d’une photo lumineuse de toute beauté. Nekromantik est réalisé par un homme, Kissed par une femme. Une pluie d’interdictions de diffusion pour l’un, une tournée royale des festivals pour l’autre. Leur seul point commun : ils abordent tous les deux le difficile thème de la nécrophilie. Souvent effleuré, notamment dans quelques productions bis italiennes des années soixante, peu abordé, frontalement sur grand écran, le sujet est redoutable, risqué et foncièrement casse-gueule. Pourtant chacun à sa manière, Nekromantik et Kissed tirent leur épingle de ce jeu dangereux. D’un côté Jörg Buttgereit affiche clairement ses tendances expérimentales doublées d’excès graphiques on ne peut plus provocateurs. De l’autre, Lynne Stopkewich fait preuve de délicatesse et de pudeur tout en distillant d’étincelantes visions mystiques où son héroïne communie avec ce qui n’est plus. Au final et contre toute attente, c’est sur le terrain du romanesque que Nekromantik et Kissed s’entendront le mieux puisqu’il ne s’agit là que de deux vraies histoires d’amour qui dealent avec la mort.