Le diable probablement | Malpertuis
Harry Kumel. 1971. France / Belgique. 103 min. Couleurs. 35 mm
Le diable probablement
Est-il encore besoin de présenter La Maison du diable ? Disons juste qu’il s’agit ici d’une histoire où un groupe de cartésiens savants doit prouver ou non la hantise d’un vieux manoir. Ajoutons que le film de Robert Wise touche à la perfection et qu’il peut prétendre sans aucun doute possible au titre de chef-d’œuvre de l’histoire du cinéma toutes catégories confondues. En cent douze minutes aussi tendues que les rapports palestino-israéliens, Wise plante les bases de l’horreur moderne dont se souviendront des cinéastes aussi différents que John Carpenter et Ty West. Une horreur tout en suggestion qui se nourrit de psychanalyse, de sciences exactes et de frustrations sexuelles. Mais le plus époustouflant reste la façon dont le cinéaste parvient avec une classe infinie à générer angoisse et horreur en ne se servant que d’un escalier en colimaçon ou d’un motif de tapisserie. À quelques encablures de là et diamétralement opposé, le non moins talentueux cinéaste Harry Kumel prend le contre-pied et s’essaie à l’insensé pari d’adapter Malpertuis d’après l’une des plus belles plumes fantastiques du XXe siècle, Jean Ray. Dès ses premières minutes, Malpertuis affiche clairement son jeu. S’il reste un film d’horreur et plus particulièrement un film de maison hantée, le film de Kumel le Belge déroule son métrage sous influence surréaliste et il ne faut en attendre aucune logique. Œuvre labyrinthique difficile d’accès, voyage coloré qui touche au sublime, Malpertuis propose un fantastique « autre », adulte, différent, abracadabrant et choupinesquement indispensable !