Gay Power | A Gun for Jennifer
Todd Morris. 1997. États-Unis. 85 min. Couleurs. 35 mm. VOSTF
Gay Power
Stripteaseuses le soir et redresseuses de torts faits aux femmes la nuit. Les hommes n’ont qu’à bien se tenir. Bang ! Bang ! Bang ! Dit comme ça, A Gun for Jennifer ne serait donc qu’une version féministe du très controversé Un justicier dans la ville. À vrai dire, il y a de ça dans ce film de « vigilante » et plus encore dans ce « rape and revenge » puisque le réalisateur Todd Morris, sous l’œil bienveillant de la scénariste-productrice et actrice principale Deborah Twiss, pousse très loin le bouchon. Trop, diront certains, gênés de voir un film sauvage, âpre et quelque part typiquement new-yorkais s’asseoir avec autant d’aisance sur les conventions et la morale. Et si d’autres penseront aux premières œuvres ambiguës d’Abel Ferrara, ils auront certainement raison. De son côté, Hustler White contraste furieusement avec cette cavalcade sombre et désespérée. En prenant pour cadre l’ensoleillée Cité des Anges et plus particulièrement Santa Monica Boulevard, Rick Castro et Bruce LaBruce cultivent avec un humour très particulier la politique de l’envers du décor. Docu-fiction aussi dramatique que drôle, dérive sentimentale et éperdue dans le milieu de la prostitution masculine, Hustler White multiplie les clins d’œil aux grands classiques du cinéma, invite quelques figures de l’underground ricain, dont le performer Ron Athey n’est pas des moindres, tout en faisant état de quelques pratiques sexuelles qui resteront à jamais gravées dans les mémoires. Si vous n’aviez jamais rêvé de voir Kenneth Anger, Andy Warhol et Rainer Werner Fassbinder en balade sur le boulevard du crépuscule, Castro et LaBruce, eux, l’ont fait.