Gérard Kikoïne | Parties fines
Gérard Kikoïne. 1977. France. 77 min. Couleurs. Vidéo
Gérard Kikoïne
Gérard Kikoïne est de l’espèce des cinéastes français qui se sont façonnés dans les années 1970 et qui ont abreuvé les années 1980 de leurs bandes à part. De ceux qui ont saisi le cinéma comme un divertissement : amuser le public avec leurs films et faire des films en s’amusant. Loin du gène de l’artiste maudit ou du génie qui veut inscrire son nom au panthéon du septième art, Gérard Kikoïne est un artisan. Au sens noble du terme. Un artisan qui aime son métier sans pour autant le porter au pinacle. Et, sans jouer les élitistes ou les populistes, il est bon de se rappeler que le cinéma n’est pas qu’art. Il est tout aussi le fruit de films que l’histoire ne grave pas dans son marbre. Seulement 90 minutes de plaisir et d’abandon, pour s’oublier et que l’on a le droit, aussi, d’oublier en retour. Un divertissement pour les uns, un métier divertissant pour les autres. Et les deux se rejoignent à nouveau quand Kikoïne parle de son métier. Parce qu’il en parle sans pudibonderie et qu’il a de quoi écrire une histoire parallèle du cinéma avec ses anecdotes ; parce que son parcours atypique suit davantage les hasards heureux de la vie qu’un plan de carrière. Des débuts dans le doublage, avant de passer tout naturellement au montage son, puis tout naturellement encore au montage image, et de là, à la réalisation. Encore qu’il n’est pas certain qu’il ait suivi cet ordre-là. A-t-il travaillé avec Abel Gance au remontage de son Napoléon avant L’Amour à la bouche (son premier film) ou pendant qu’il montait Le Sexe qui parle ? Peu importe au final, comme au tiercé, le désordre est aussi gagnant. Et ses premiers gains, c’est dans le porno qu’il va les ramasser – pardon, dans le film d’amour, comme il le dit si bien. Aux côtés de Claude Mulot, Francis Leroi et consorts, il fera les beaux jours du film d’amour français, quand la pornographie était comédie avant de n’être que du cul – Parties fines en est encore un des meilleurs exemples. Ce qui ne l’empêchera pas de donner également dans la pub, Le Commissaire Moulin, le film institutionnel, et la Canon de Golan et Globus (la Miramax du cinéma d’exploitation) qui lui entrouvrira les portes du cinéma anglo-saxon. Eh oui, si Kikoïne a eu le plaisir de diriger Lahaie d’honneur, il a eu aussi l’honneur de se coltiner Oliver Reed (Dragonard 1 et 2), Robert Vaughn et Donald Pleasence (Buried Alive), Jack Palance (Raven Scroft) et Anthony Perkins (Dr. Jekyll et Mr. Hyde). Ce qui n’a pas dû être qu’une partie de plaisir. Encore qu’avec lui, faire des films reste toujours toute une histoire… Venez y voir.
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Parties fines
« L’arrivée du frère de la domestique sème la pagaille dans l’organisation d’une famille d’aristocrates dont les fantaisies sexuelles étaient jusqu’alors tenues bien cachées. Ou comment Kikoïne se fait la main en réalisant une date dans l’histoire du « film d’amour » (l’expression est de lui) hexagonal. Parties fines réussit le périlleux assemblage du rituel SM en costumes et d’une irrévérente fable sociale rappelant, sur un mode mineur, Les Bonnes de Jean Genet et Désiré de Sacha Guitry. Derrière un glacis de luxe et d’apparente honorabilité, la progression de l’humiliation, d’abord non souhaitée par la baronne, va la conduire à accepter ses désirs comme une affirmation de soi. Tout le contraire du baron qui ne trouve dans les vexations infligées par sa maîtresse qu’exutoire à sa position sociale, économique et morale. » Edgar Baltzer, Dictionnaire des films français pornographiques et érotiques 16 et 35 mm