Cinéphilis tristus | Fondu au noir (Fade to Black)
Vernon Zimmerman. 1980. États-Unis. 100 min. Couleurs. 35 mm. VOSTF
Disparu des écrans radars peu après sa sortie en juin 1990, Appartement Zéro méritait logiquement une réhabilitation d’urgence. Thriller tendu situé dans un Buenos Aires d’après dictature, le deuxième film du très étrange Martin Donovan orchestre l’inattendue histoire d’amour et de haine entre un dandy cinéphile complètement replié sur lui-même et un mercenaire bisexuel en fuite. Où quand la cinéphilie, l’homo-érotisme et l’humour noir se mêlent à la politique à destination d’un curieux hommage au Locataire de Polanski. Une totale réussite aussi élégante qu’animale écrite par David Koepp, futur scénariste de Jurassic Park, et parfaitement interprétée par le fragile Colin Firth et le magnétique Hart Bochner. Visiblement, la cinéphilie ne fait pas que du bien. C’est ce que tend à prouver d’une manière plus simple Fondu au noir. Très drôle quand il s’agit de mettre en scène des meurtres calqués sur les grands classiques du septième art, émouvant quand il narre la passion entre un cinéphage au stade terminal et une Marilyn de pacotille, et sombre à l’excès quand il radiographie la déchéance d’un jeune homme qui a voué sa vie au cinéma, le film de Vernon Zimmerman capte avec brio la futilité du rêve hollywoodien au travers des yeux d’un paumé. Mais ne vous y trompez pas, si Hollywood la Grande en prend pour son grade, ce n’est que pour mieux viser le système et ses rouages, dont le spectateur fait totalement partie.