Agnès Merlet | Hideaways
Couleurs
Agnès Merlet
Agnès Merlet est une cinéaste rare. Rare, parce qu’elle n’a que quatre longs métrages au compteur en une vingtaine d’années de carrière. Rare, parce qu’elle n’appartient à aucun courant ou famille de cinéma et qu’elle échappe de la sorte à toute étiquette. C’est le défaut de sa qualité, ne pas rentrer dans un cadre parfaitement identifiable. C’est ce qui en fait le prix, comme les pierres précieuses : la singularité et, donc, la rareté. Il faut dire qu’elle est passée d’un registre auteurisant avec Le Fils du requin, son premier film – un drame social nominé aux Césars (dans la catégorie Meilleur Premier Film) et récompensé du Prix de la critique internationale au Festival de Venise – au drame fantastique avec Hideaways, son dernier film, une histoire d’ado doté d’un super pouvoir sans être un super héros. Le grand écart semble facial, mais comme ladite figure préférée de JCVD, les extrémités se rejoignent en un point de jonction central. Chez Agnès Merlet : l’adolescence. Celle, dure et violente, de deux frères en rupture sociale dans Le Fils du requin. Celle de la rébellion avec le portrait de la peintre Artemisia Gentileschi, Caravage féminin du XVIe siècle, dans Artemisia. Celle, inquiétante et étouffée, de Dorothy dans le film éponyme, thriller surnaturel qui sème La Mauvaise graine au cœur d’un village de damnés tout en semant L’Exorciste et Les Autres. Et celle, finalement incroyablement reverdissante, de Hideaways, un film fantastique qui tient plus du conte que du fantastique. Ajoutez à cela un sens du cadre très travaillé et une photographie toujours léchée et il y a de quoi trouver une œuvre qui fait déjà sens en seulement quatre films. Mais voilà, au bout de deux films, Agnès Merlet change de genre, ou plutôt se met au cinéma de genre sans pour autant en respecter tout à fait les codes. Il y a de quoi dérouter. C’est cette impureté qui nous séduit.
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Hideaways | Agnès Merlet
2011. Irlande / France. 95 min. Couleurs. Numérique DCP. VOSTF.
Avec Rachel Hurd-Wood, Harry Treadaway, Thomas Brodie-Sangster
Irlande. Une famille étrange : de génération en génération, les garçons se voient dotés d’un pouvoir paranormal particulier et différent à chaque fois. Le grand-père est atteint de cécité quand il pense au sexe. Le père fait sauter l’électricité quand il est dans un état de stress. Le fils, lui, n’a pas encore découvert le sien. Il pourrait peut-être voler comme Superman. Mais non. Et le jour où son pouvoir se révèle, ce sera dans la douleur. Et il s’avérera une malédiction…
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précédé de Malody | Phillip Barker
2012. Canada. 12 min.
Avec Ashleigh Warren, Thomas Hauff
« Dans une cafétéria, une jeune femme malade est assise au comptoir. Autour d’elle, tout devient de moins en moins stable, jusqu’à ce que son univers bascule littéralement sens dessus dessous. »
Artiste touche-à-tout, Phillip Barker œuvre avec Malody à la lisière de l’expérimental. Il n’en oublie pas pour autant de rester accessible, de nous raconter une histoire et de nous toucher, en mettant ses audaces visuelles au service de son propos. Malody est un film hypnotique qui vous happe, vous secoue, puis vous recrache hagard, encore imprégné de son étrange atmosphère.