Western Feeling | Lust in the Dust
Paul Bartel. 1985. États-Unis. 84 min. Couleurs. 35 mm. VOSTF
Western Feeling
Fiasco public cuisant, échec critique retentissant, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il aura fallu quelques années avant que Vorace ne s’impose comme une incontournable étrangeté. Issu d’une chaotique production qui sera finalement reprise en main et achevée dans la douleur par la cinéaste britannique Antonia Bird, Vorace porte sur lui les stigmates du film à problèmes. Au final, il est extrêmement difficile de définir la bestiole. Cet objet filmé non identifié serait-il un western ? Une comédie noire ? Une parabole politique ou un film de cannibale ? À vrai dire, tout cela à la fois ; mais ce qui est sûr, c’est que la chose atteint dix sur dix sur le baromètre de la subversion en associant d’une manière peu finaude, mais diablement efficace, capitalisme et cannibalisme. De quoi en perdre son Stetson et de quoi en perdre ses derniers cheveux lorsque le travesti Divine, égérie de John Waters, débarque dans l’Ouest sauvage dans le très enlevé Lust in the Dust. Qui, s’il ne possède pas l’agressivité de Vorace, n’en demeure pas moins un bel hommage au western en forme de parodie tout en décalage. Aux commandes, Paul Bartel, réalisateur du mémorable La Course à la mort de l’an 2 000, se joue des codes du genre avec une bonne humeur communicative. Mais c’est surtout cette improbable galerie de portraits tous plus déjantés les uns que les autres, réunis autour d’une chasse au trésor, qui emporte le pompon. À l’arrivée ce « Luxure dans la souillure » (traduction littérale) ne sera ni une pochade de western américain ni un pastiche de western spaghetti, il sera simplement bartelien. À savoir une comédie assumant pleinement ses excès.