Les Innocents | Chaque soir à neuf heures (Our Mother’s House)
Jack Clayton. 1967. États-Unis. 104 min. Couleurs. 35 mm. VOSTF
Les Innocents
Pureté, tendresse, douceur et bonté. Voilà à quoi s’associe en règle générale la figure de l’enfant dans le giron hollywoodien. L’intérêt, dès les années 1940, de Hollywood pour la psychanalyse allait vite faire voler en éclats cette image tenace. Production Warner, réalisée par Mervyn LeRoy, un des principaux instigateurs quelques années plus tôt du Magicien d’Oz, La Mauvaise Graine conte donc le parcours meurtrier de Rhoda, une petite fille modèle tout en couettes et adorables mimiques. Pourtant, sous ce vernis manipulateur, se dissimule une dangereuse sociopathe en herbe capricieuse, roublarde et insensible qui ne supporte guère qu’un autre bambin puisse lui chiper la première place du concours de l’école. À partir de là, LeRoy abat un à un les préjugés du spectateur et dévoile une forme de barbarie infantile proprement stupéfiante. De barbarie infantile, parlons-en. Puisque ce sera un des nombreux thèmes abordés par l’extraordinaire Chaque soir à neuf heures. Comédie noire aux accents gothiques, drame bouleversant sur la perte de l’innocence, le film du trop rare Jack Clayton, déjà auteur du formidable Les Innocents, ne fait pas dans la dentelle disneyenne en racontant comment un groupe d’enfants dissimule la mort de leur mère par crainte de l’orphelinat. L’apprentissage de la vie prend alors une tournure particulièrement cruelle pour nos chères têtes blondes lorsqu’il faut reconstruire le cocon familial sans l’aide de l’autorité parentale. Étouffant, déchirant, douloureux et splendide !