Le Temps de l’innocence (The Age of Innocence)
Martin Scorsese. 1993. États-Unis. 138 min. Couleurs. Numérique DCP. VOSTF.
Élans du cœur, histoire d’amour contrariée et haute société new-yorkaise de la fin du XIXe. Scorsese se frotte au protocole et à la rigidité des conventions. Demeures fastueuses, robes de bal, boiseries et fines porcelaines. C’est clair, Le Temps de l’innocence célèbre la toute-puissance du décor. La reconstitution méticuleuse, maniaque, digne d’un Visconti, sert ici de véhicule à une émouvante tragédie amoureuse que l’on pourrait croire à peine traitée. Pourtant, faisant preuve d’une remarquable subtilité, le cinéaste traduit les émois au travers d’objets, d’éléments et de motifs qu’il place stratégiquement à l’image. Le mélodrame à costumes, élégamment habité par Daniel Day-Lewis et la lumineuse Michelle Pfeiffer, se métamorphose alors en un opéra incroyablement violent où les visages se flétrissent aussi vite que les fleurs.