La Barrière de chair (Nikutai No Mon)
Seijun Suzuki. 1964. Jap. 90 min. Coul. DCP. VOSTF.
Deux incontournables du cinéma nippon à la mise en scène fracassante. Leur auteur : Seijun Suzuki, cinéaste trublion qui a toujours su dépasser les conventions du cinéma de genre. Sa méthode : débarrasser ses scénarios des scènes décoratives et trancher dans les dialogues. Ne reste donc que l’essentiel. D’un côté Eros avec La Barrière de chair, de l’autre Thanatos avec La Jeunesse de la bête. Le premier est un pur bijou visuel volontairement érotique à tel point qu’il mettra dans l’embarras ses producteurs peu habitués à autant d’audace. L’histoire de cinq prostituées et d’un homme traqués par la police dans les ruines du Japon de l’après-guerre où le marché noir est roi. Suzuki expose les chairs, associe plaisir et souffrance, et souligne la volonté d’indépendance des femmes tout en composant de divins tableaux sensuels. Quant au second, il repose sur une classique histoire de vengeance dans les milieux des yakuzas. Afin de venger la mort d’un ami, un détective infiltre le milieu mafieux et monte les gangsters les uns contre les autres. Ne respectant aucune règle, La Jeunesse de la bête s’apparente à un grand échiquier déstructuré, baroque et outrancier, qui s’achemine à la vitesse de l’éclair vers un final littéralement apocalyptique. Certes, le scénario est alambiqué, mais c’est une pluie de retournements de situations et de coups de théâtre qui s’abat sur un spectateur médusé par l’insolence et la témérité d’un metteur en scène, qui, par l’intermédiaire du cinéma, voulait « mettre du poison dans cette rivière qu’on appelle société ».
Voir aussi La Jeunesse de la bête