Le Charlatan (Nightmare Alley)
Edmund Goulding. 1947. USA. 111 min. N&b. 35 mm. VOSTF.
Faut-il encore présenter La Monstrueuse Parade, plus connu d’ailleurs sous son titre original Freaks ? À vrai dire, on n’en finira jamais avec le chef-d’œuvre de Tod Browning. Ce film-là s’est frayé un chemin dans la tête de dizaines de générations de spectateurs. Et à l’heure où le monde tend à l’absolu de la beauté du corps, Freaks, avec ses vrais phénomènes de foire qui ne doivent rien au maquillage ou à la palette graphique, renvoie une image inversée, source inépuisable de terreurs. Les nains Daisy et Harry Earles, les sœurs siamoises Hilton, Olga Roderick la femme à barbe, Prince Randian l’homme tronc, Johnny ‘Half-Boy’ Eck et tous les autres, à la ville comme à l’écran. Une ode à la différence, certes, mais surtout un conte moral beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît. Fable, moralité et cirque encore et toujours avec le génial Le Charlatan d’Edmund Goulding. Bonimenteur de foire doublé d’un séducteur arriviste, Stanton Carlisle connaît une vertigineuse ascension vers la gloire grâce à un numéro de divination truquée mis au point avec une diseuse de bonne aventure et une froide psychanalyste. Machiavélique arnaque et ivresse du pouvoir. Certainement l’un des films noirs les plus étranges et les plus mystiques produits par Hollywood. Le beau Tyrone Power égratigne son image de beau gosse et, rongé par la soif du gain, ne tarde pas à se changer en l’un de ces monstres de foire qu’il détestait tant. Un voyage au bout de la nuit qui mérite définitivement ses galons de classique.
Voir aussi La Monstrueuse Parade
