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Programme de courts métrages

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XXIIIe Rencontres Internationales Traverse



Le cinéma à histoires a créé ses codes spécifiques, liés au projet de réalisme, qui induit le vraisemblable et construit un univers à cette fin. Dès 1909, Hollywood multiplie les interdits pour régir les films dont il a saisi la force de persuasion sur le public. Or le « regard à la caméra » découvre l’instance d’énonciation cachée par le projet même du cinéma narratif et le regard dirigé réclame son contre-champ, révélant ce qu’observe le regardeur, comblant le désir de résolution narrative.
L’histoire du cinéma est pourtant riche de « regards dirigés » sans résolution apaisante puisque de tels regards frontaux n’impliquent pas un destinataire de la fiction et visent le spectatorat ; on se gardera de la mention aussi fréquente que fautive « il nous regarde / le regard vers le spectateur » ; sans même entrer dans la correction premier degré que c’est l’objectif qui est regardé par l’acteur, on évitera de confondre hors-champ et hors-cadre.
Sans revenir à Monika de Bergman, 1953, aux deux regards non motivés de très jeune femme, triste, au café ou assise sur son lit, comment négliger l’emblématique échange de Pierrot le fou, 1965 : Ferdinand conduisant, se tourne, commentant les désirs de Marianne – « Voyez, elle ne pense qu’à rigoler ! ». Elle : « À qui tu parles ? ». Lui : « Aux spectateurs ! » –, et brise l’espace confortable de la fiction fermée, provoquant le retour réflexif sur le film se faisant. Et, 2006, Christophe Honoré fracture l’espace fictif dans un préambule où Jonathan – jeune dandy détaché des manières sociales –, sur son balcon, exprime ce « non, non, vous ne vous trompez pas, il s’agit bien d’une apostrophe » ; l’incipit est clair sur sa lignée des amoureux de la langue et son propos de pratique différentielle d’un cinéma pensant. Ce qui fut l’interdiction du cinéma cherchant à s’assurer un domaine gardé est ainsi devenu l’un des lieux de sa liberté d’écriture.
Quant à l’expérimental, il se fait contre ce qui occulte la « cinémalité » du film et travaille ce qui se voit/entend. La programmation se fraie dans cette appréhension du regard en la soumettant au matériau : le son s’y fait créateur de figures, le temps adopte les critères de l’espace, la couleur fait musique, l’abstraction pointe et le footage transfère les regards loin de leur espace originel. Ainsi se partage le temps de l’œuvre et du regardeur ; dans l’interaction, ils se font contemporains. Et c’est bien.

Simone Dompeyre, présidente et commissaire artistique de Traverse

Tx-reverse
Martin Reinhart & Virgil Widrich, 2019, Autriche / Allemagne,
5 min. 06, VO, DCP
Unsound, Vivian Ostrovsky, 2019, USA, 4 min. 02, VOST, DCP
[SELF]INSERTIONs_2019 The Creation Of God
José Cruzio & Maia Pedro, 2019, Portugal, 3 min. 24, VO, DCP
Fluorescent, Avner Pinchover, 2019, Israël, 2 min., VO, DCP
Conques, Jean-Pierre C. Brouat, 2018, France, 3 min. 10, VO, DCP
Rhythm in the Backstroke
Steven Woloshen & Alexandra Grimanis, 2019, Canada,
2 min. 22, VO, DCP
Techno Synesthesia: Lumière / Twelve-Tone
Kenji Kojima, 2019, USA, 5 min., VO, DCP
Atafolme, Tetsuya Maruyama, 2019, Brésil, 1 min. 28, VO, DCP
Un film, Claude Marguier, 2019, France, 3 min. 10, VO, DCP
Trois occurrences
Jens Pecho, 2018, Allemagne, 7 min. 18, VOST, DCP
Horsey, Frédéric Moffet, 2018, USA, 9 min., VOST, DCP
Ascensor, Adrian Garcia Gomez, 2019, USA, 7 min. 45, VO, DCP
Collage (dementia) 13
Luis Carlos Rodriguez García, 2019, Espagne, 9 min. 15, VO, DCP
La Genizah, passages du Livre du Cimetière de Lubin
Solomon Nagler, 2018, Canada, 9 min. 45, VOST, DCP

Séance présentée par Simone Dompeyre

Tarif unique : 4 €

Retrouvez également deux boucles sur écran présentées par le festival dans le hall de la Cinémathèque en écho à l’exposition « "Jean-Daniel Pollet : l’écrit à l’écran":https://www.lacinemathequedetoulouse.com/expositions/2166 ».

Traverse, 11 – 31 mars
www.traverse-video.org

samedi 14 mars 2020, 16h00       Infos pratiques - Vente en ligne
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