Innocence

Lucile Hadzihalilovic. 2004. Fr. 122 min. Coul. 35 mm.

Les collections à la une

Au cœur d’une forêt traversée par une rivière, cerné par un haut mur d’enceinte, un pensionnat de filles. Les enfants y arrivent mystérieusement puis jouent, dansent et découvrent les sciences naturelles dans une douceur étouffante. Hors du monde et du temps, sans sortie possible, au sein d’un univers exclusivement féminin, les fillettes se transforment, grandissent jusqu’à leur puberté.
Avec ce premier long métrage, Lucile Hadzihalilovic, déjà remarquée pour son court métrage La Bouche de Jean-Pierre, explore l’enfance, la métamorphose vers l’adolescence en adaptant une nouvelle du dramaturge et poète allemand Frank Wedekind. Chargé de symboles, chaque plan du film, d’une grande beauté formelle, distille une inquiétante étrangeté et laisse deviner – ou imaginer ? – une violence feutrée. Un film inclassable, singulier et énigmatique, qui ouvre des pistes sans jamais choisir entre le fantastique, le drame ou la contemplation. Avec une atmosphère suggestive, la tension et l’attention se transfèrent de l’écran vers le spectateur, à l’affût de chaque signe : une expérience à tenter.

Innocence a été projeté en 2012 à la Cinémathèque de Toulouse, pendant le festival Extrême Cinéma. Invitée pour le présenter, Lucile Hadzihalilovic nous a déposé la copie dans la foulée. Un film entré dans nos collections faisant écho au goût de la Cinémathèque pour le cinéma des marges.