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Orange mécanique (A Clockwork Orange)

Stanley Kubrick. 1971. UK. 136 min. Coul. DCP. VOSTF.


Galaxie Kubrick – Pathé Wilson



Pas de censure mais de la polémique. En cause, la violence et sa représentation. Au tout début des années 1970, Orange mécanique est un mauvais exemple qui incite la jeunesse à la violence. Que l’on s’en revendique ou qu’on le dénonce, tout acte de violence gratuite au Royaume-Uni lui est imputé. Son réalisateur, Stanley Kubrick, fait retirer le film de l’affiche et interdit toute projection sur le territoire de sa majesté la Reine : un fait rare d’autocensure d’une œuvre en cours de distribution. En France, après vingt-quatre ans d’exploitation en salle, Orange mécanique est enfin distribué en vidéo en février 1996, puis diffusé pour la première fois à la télévision en novembre de la même année. « Provocation », s’indigne un journaliste du Nouvel Obs. « Des dirigeants de chaîne irresponsables », s’offusque un autre hebdomadaire. Par-delà l’anecdote et aujourd’hui encore, on mesure assez mal la controverse engendrée par cette stupéfiante symphonie cinématographique aussi sarcastique que violente. En adaptant le roman d’Anthony Burgess (publié en 1962), le cinéaste Kubrick posait frontalement la question : où finit la violence de l’homme et où commence celle de l’État ? Et inversement. Dans un futur proche, l’histoire est celle d’Alex et de ses droogs, sociopathes en puissance et semeurs de troubles. Alex est accro à la violence, aux parties de ça-va-ça-vient, à la musique de Beethoven et aux verres de Moloko Plus qu’il déguste dans son bar préféré, le Korova Milkbar. Son quotidien, c’est passages à tabac et agressions en tous genres. Mais Alex tombe et il devra suivre un traitement de choc pour le guérir de la violence. Conditionnement psychologique, gouvernement totalitaire, vaste contrôle des citoyens et un Kubrick au meilleur de sa forme pour une impitoyable satire de la société moderne. Alex ne chantera plus Singin’ in the Rain en distribuant de furieux coups de canne et subira de plein fouet une thérapie basée sur les réflexes conditionnés. Autrement dit : la douteuse rédemption d’un jeune délinquant dans un monde au bord du gouffre. Stanley Kubrick, lui, contrôle parfaitement la violence, croise décors de béton et onirisme pop et propulse le cinéma là où il n’avait jamais été. Cinq ans plus tard, alors que l’Angleterre traverse une terrible crise politico-économique, Johnny Rotten, chantre du mouvement punk, vocifère dans son micro un historique « No Future ». Mais pour une fois, le cinéma avait pris une très, très bonne longueur d’avance.

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