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Cléo de 5 à 7

Agnès Varda. 1962. Fr. 90 min. Coul. / N&b. DCP.


Galaxie Varda



Elle attend les résultats d’importants tests médicaux… La possibilité du pire et une heure trente à tuer. Alors Cléo déambule dans Paris et Agnès Varda, affranchie des contraintes du studio, la filme librement. Ce qui n’exclut pas, d’ ailleurs, une certaine rigueur puisque cet incontournable de la Nouvelle Vague se déroule en temps réel. Quatre-vingt-dix minutes et treize chapitres parfaitement minutés pour passer du rire aux larmes, de la superstition à la peur et de la coquetterie à l’angoisse. Cléo se balade, rencontre des gens et prend conscience de la mort. Cléo, c’est la sculpturale et superbe Corinne Marchand qui accédera à la célébrité du jour au lendemain en acceptant le premier rôle du film de Varda. Sans elle, Cléo ne serait pas Cléo. Une Cléo qui ne se croit vivante qu’en contemplant sa propre beauté. Miroir, mon beau miroir, dis-moi qui est la plus belle !

Cléo de 5 à 7 ou l’histoire d’une spectaculaire métamorphose puisqu’elle se fait en temps réel. « Ne perdant pas de vue le programme économique de la production, j’ai pensé à un film minimal inscrit dans un temps continu. J’y ai ajouté un trajet réel qui peut s’inscrire dans une vraie carte du centre de Paris. » Une sorte de jeu, un pari sur Paris doublé d’une mécanique un rien ironique quand s’affichent à l’écran les chapitres numérotés avec leur minutage exact et le prénom du personnage moteur de la séquence.

Treize saynètes de la vie parisienne pour un faux suspense puisque dans Cléo de 5 à 7 horloges, pendules, montres et réveils omniprésents à l’écran sont justement là pour nous rappeler que le temps ne compte plus. Seul importe la rencontre de l’instant présent. Treize petits moments d’éternité en compagnie d’une assistante gouvernante envahissante, de musiciens, d’un riche amant, d’une amie proche, d’un projectionniste ou encore d’un jeune militaire en partance pour l’Algérie. Et si le regard de Cléo est constamment accroché par tout ce qui rappelle la maladie et la mort, ce ne sera que pour mieux s’ouvrir au monde qui l’entoure au hasard de ses déambulations. La rencontre avec le projectionniste sera l’occasion d’un bel hommage au cinéma avec un film dans le film mettant en scène Jean-Luc Godard et Anna Karina, mais c’est définitivement celle avec le jeune soldat (Antoine Bourseiller, incroyable de douceur) qui emporte le morceau. Dans le parc Montsouris, nimbé d’une irréelle lumière cotonneuse, Cléo rencontre Antoine. Elle est une femme à qui le pire peut arriver et lui est un jeune homme en danger de mort parce que la guerre fait encore rage. Nous sommes le 21 juin, premier jour de l’été de l’an de grâce 1961, il est très exactement 18h11 passé de quelques secondes et Agnès Varda vient de réaliser le plus libre, le plus précieux des films à regarder.

Tirez les fils de Cléo de 5 à 7 et vous rencontrez : Frances Ha, Tangerine, Les Rendez-vous d’Anna et Lola.

mardi 04 mars 2025, 19h30       Infos pratiques - Vente en ligne
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