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Lions Love (…and Lies)

Agnès Varda. 1969. USA. 110 min. Coul. DCP. VOSTF.


Galaxie Varda



En mai 1968, Agnès Varda est à Los Angeles avec Jacques Demy, venu tourner Model Shop. Elle filme en Californie la naissance de la contre-culture : le rejet de la guerre du Vietnam et la culture flower power. Hollywood à la sauce hippie donc, et Agnès Varda qui saisit l’air du temps via trois crinières de lion. Il y a là Viva, superstar d’Andy Warhol, et Jerry Ragni et James Rado, connus pour être les auteurs de la fameuse comédie musicale Hair.

Matures, ils ne le sont pas vraiment, mais tous trois comptent bien s’engager sur le dur chemin de la « staricité » car après tout nous sommes dans la ville du cinéma. Crinières au vent et fesses à l’air, bien vite rejoints par Shirley Clarke, authentique cinéaste new-yorkaise, ils déambulent dans les vapeurs de marijuana dans une maison louée sur une colline de Hollywood. À leurs côtés, un autre personnage majeur : une télévision qui diffuse en permanence des informations, parmi lesquelles l’assassinat de Robert Kennedy. Au détour d’une séquence, on reconnaîtra Jim Morrison, Peter Bogdanovich et Eddie Constantine.

En attendant, les trois compères discutent et se disputent, regardent Horizons perdus de Frank Capra, craignent la dégradation de la planète et finissent par dîner nus devant une fenêtre avant de rejouer une version aquatique de la pièce qui ouvrait le film ! « Avec Viva, ils fumaient de l’herbe et aussitôt après se déshabillaient complètement, circulant à poil et sans raison parmi les fils électriques. L’équipe aussi fumait pas mal. Tous travaillaient à côté de leurs pompes, dans les vapes », se souviendra la réalisatrice.

Une œuvre née du refus de Columbia Pictures de laisser à Agnès Varda le final cut sur le projet Peace and Love qui ne sera finalement jamais tourné. En conséquence, la cinéaste jette toute son énergie (et peut-être sa colère) sur Lions Love (… and Lies). Un film tout en grands écarts tourné sans scénario ou presque et situé quelque part entre la fiction et le documentaire, la comédie et la tragédie, la narration et l’abstraction. Qualifié de collage par la cinéaste elle-même, Lions Love (… and Lies) baigne dans le soleil et explore les joies et les limites de la « vie libre ». Mais là où ce film décidément pas comme les autres fait mouche, c’est lorsqu’il remet en question sa propre réalité. Si la réalisatrice Shirley Clarke sort du cadre prétextant qu’elle n’est pas une actrice, qu’importe Agnès Varda la remplacera.

À un autre moment, dans un bureau exigu, des producteurs débattent pour savoir s’il faut donner à Clarke un contrôle artistique total sur son dernier projet. La décision finale sera de ne pas lui accorder ce contrôle. No comment ! Après tout la vie c’est du cinéma. Mais pour dire la vérité toute la vérité et rien que la vérité, l’inverse est tout aussi valable.

Film interdit aux mineurs de moins de 12 ans à sa sortie

Tirez les fils de Lions Love (… and Lies) et vous rencontrez : Les Doors, Once Upon a Time… in Hollywood, Hair et Easy Rider.

mardi 15 avril 2025, 19h30       Infos pratiques - Vente en ligne
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