Fermer cette fenêtre banner

Edward aux mains d’argent (Edward Scissorhands)

Tim Burton. 1991. USA. 105 min. Coul. DCP. VOSTF.


Galaxie Burton



Préparez vos mouchoirs. Car jamais conte cinématographique ne fut aussi émouvant. L’isolement, la découverte de soi et la création, encore et toujours. Une fable sur la tolérance. Tim Burton donne tous pouvoirs à l’imagination et cultive l’émerveillement avec la singularité qu’on lui connaît. Une représentante en produits de beauté découvre dans un vieux manoir un jeune garçon laissé inachevé par l’inventeur qui lui a donné la vie. Edward n’a plus de père et à la place des mains n’a que des ciseaux… Ce n’est que le début de l’histoire. Le reste, Tim Burton va vous le raconter de la plus belle des manières qui soit.

C’est peut-être le plus beau film du cinéaste mais, dans tous les cas, c’est celui qui donne toute la mesure de son goût pour mêler le merveilleux au fantastique. Un film né de la volonté de Burton de s’éloigner de Hollywood après le succès aussi phénoménal que grisant de son premier Batman (1989). Là où chaque exécutif des grands studios hollywoodiens ne rêve que d’une suite à l’homme chauve-souris, Burton, lui, ne pense qu’à se perdre dans les méandres de son imaginaire pour mieux se retrouver. Car Edward est un personnage cher au cœur de Burton, on en trouve les germes dans ses dessins d’adolescence puis, plus tard, dans ses nouvelles et ses poèmes. Au fond, Edward, reclus dans son château au sommet de la colline, a toujours été là, n’attendant que le moment propice pour enfin s’exposer au grand jour. Edward l’inadapté, le marginal, le « monstre », mais aussi Edward le héros artiste coiffeur et paysagiste accueilli par la plus bienveillante des communautés. Tim Burton décrit un monde qu’il connaît bien puisque lui aussi a grandi dans une banlieue de Los Angeles où chaque pavillon ressemble à celui de son voisin et lui aussi a été placé sur un piédestal après Batman. Mais face à l’inconnu, à la différence, la société réagit violemment et révèle ses pires travers. La monstruosité n’est pas là où on l’attend et l’American way of life en prend pour son grade.

Certains diront que Tim Burton a réalisé Edward aux mains d’argent uniquement pour lui, faisant de son film un fascinant terrain de jeu cathartique d’où émerge, entre autres, l’image du père (fabuleux Vincent Price). C’est vrai, mais il est vrai aussi qu’_Edward aux mains d’argent_ est une rude fable satirique sur une société définitivement coincée dans ses préjugés aussi bien qu’un conte cruel et désespéré sur la solitude du créateur. Un film-somme aux multiples entrées et interprétations qui égratigne les us et coutumes d’un monde hypocrite et superficiel pour n’en sortir que de tendres flocons sous lesquels il faudra danser… encore et encore…

Tirez les fils d’ Edward aux mains d’argent et vous rencontrez : Rebecca, Dogville, La Belle et la Bête et Frankenstein.

mardi 06 mai 2025, 19h30       Infos pratiques
Retour au cycle